La Plus belle pour aller danser
Jean-Claude Lother

Une ado mal dans sa peau se déguise en homme et attire enfin l'attention de ses camarades de collège, dont celui qui fait battre son cœur...

Marie-Luce Bison a 14 ans. Elle a peu connu sa mère, emportée très jeune par une maladie. Son père (Philippe Katerine), extrêmement protecteur, l'élève donc seule, dans une pension de famille pour seniors dont il est le directeur. Au collège, Marie-Luce est en décalage complet avec ses camarades et ne parvient pas à se faire d'amis. Mais un jour, poussée par un résident de la pension, elle s'incruste à une soirée où elle n'est pas invitée, déguisée en homme. Tout le monde la prend pour un garçon et s'intéresse à elle, dont Emile, sur qui elle a flashé. Elle s'invente alors un double masculin, Léo, pour vivre pleinement sa vie d'ado. Mais Emile s'avère être gay et tombe sous le charme de Léo... Marie-Luce peut-elle continuer à s'enfoncer dans le mensonge ?

Avec La plus belle pour aller danser, Victoria Bedos (actrice et co-scénariste de La Famille Bélier) se lance pour la première fois dans la réalisation. Présenté en compétition au Festival de l'Alpe d'Huez, le film oscille entre comédie light et récit d'initiation, avec en son centre une fabuleuse découverte, la toute jeune actrice Brune Moulin, qui incarne cette héroïne en quête d'elle-même. Tout ce qui concerne les péripéties de son personnage et cette belle idée d'une relation contrariée par une identité genre pas encore définie tient franchement la route. C'est le reste qui semble étonnamment artificiel : la passion de Marie-Luce pour Cioran et Marivaux (bonjour le cliché de l'ado intello mal dans sa peau), cette maison pour seniors peuplée d'une galerie de petits vieux adorables (dont Pierre Richard en papy donneur de conseils), ce collège où ne semblent exister que les cools et les losers (pas de place pour l'entre-deux), ce père largué et gentiment ahuri (que Philippe Katerine, malgré ses efforts, ne peut totalement rendre crédible)... Résultat, un film un peu ballonné qui met trop de gras autour de son sujet central, pourtant largement assez intéressant - et rarement traité en France - pour se suffire à lui-même. La plus belle pour aller danser aurait certainement gagné à écrémer, ce qui aurait donné un peu plus de gravité à toute cette affaire.

La plus belle pour aller danser, avec Brune Moulin, Philippe Katerine, Pierre Richard... Le 19 avril au cinéma.