Toutes les critiques de Incroyable mais vrai

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    Les films de Quentin Dupieux se basent sur des idées volontairement simples et frappantes (une veste ou un pneu tueurs, une mouche géante…) qui, bien souvent, se suffisent à elles-mêmes. L’absurdité et donc l’étrangeté de ce cinéma-là ne s’appuient pas seulement sur l’incongruité supposée du récit mais aussi et surtout sur sa structure narrative dépouillée d’affect, de passé, d’avenir…  Tout est dans l’immédiateté du gag. La vie chez Dupieux n’est qu’un décor sur lequel vient se greffer une réalité recomposée. Dans cet Incroyable mais vrai, on sent toutefois poindre toutefois une volonté de se délester de cette dimension publicitaire, de mettre en sourdine l’ironie grinçante, pour toucher une corde sensible. C’est là que le bât blesse. Le concept du film repose cette fois sur le pouvoir d’une maison de projeter ses habitants dans une autre temporalité. Il leur suffit de soulever une trappe, de descendre les escaliers pour se retrouver au même endroit mais quelques heures plus tard. Cette faille va, on s’en doute, dérégler les nouveaux propriétaires, Alain (Chabat) et Marie (Drucker), surtout madame qui y voit la possibilité de remonter le temps et de redevenir jeune et … belle (elle se rêve désormais mannequin !). A ce versant sexiste, Dupieux adjoint un pendant masculin en la personne d’un voisin (Benoît Magimel) équipé d’un sexe numérique. En multipliant ainsi les possibilités de son idée-concept, Dupieux n’est soudain plus à la hauteur et l’aspect pseudo-cool de son cinéma se retrouve soudain mis à nu pour n’en révéler que la part grossière.