Xavier Dolan
Instagram Xavier Dolan

"Je n'ai plus l'envie ni la force, presque personne ne voit ce que je fais", se lamente le réalisateur québécois.

En début d’année, Xavier Dolan confiait à Première son envie de s’éloigner du cinéma. "Je n’ai pas envie d’en faire, d’en écrire, d’en réaliser, d’en promouvoir. De porter un projet à bout de bras durant deux ans (…) calculer ce que je vais porter à une première, ce que je vais dire dans une interview, comme je vais m’habiller pour une couverture… Ça ne me fait plus envie. Ça ne m’intéresse plus."

Xavier Dolan passe à la série : "Le cinéma ne m'intéresse plus"

Le cinéaste québécois nous présentait alors sa première série télé, La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, projet dans lequel il s’était énormément investi, signant la mise en scène, l’écriture et le montage des 5 épisodes, tout en tenant un rôle important à l’écran. "Avec cette série, j’ai tout donné, dans la passion et l’intensité. Ça m’a un peu desséché", nous expliquait le réalisateur de Juste la fin du monde.

Cycle Xavier Dolan sur MUBI
MK2 Films

Six mois plus tard, Xavier Dolan n’a pas retrouvé le goût du 7e art, loin de là. Alors que sa série est lancée en Espagne, il a donné quelques interviews à la presse locale, et ce qui pouvait ressembler à un raz le bol passager apparait désormais comme un rejet total du cinéma et de tout ce qui va avec. A seulement 34 ans, le prodige qui présentait son tout premier long-métrage, J’ai tué à ma mère, en 2009 au Festival de Cannes, à tout juste 20 ans, se dit totalement désabusé et annonce sa retraite : 

"Je renonce au cinéma et à la réalisation", lâche-t-il dans les colonnes d’El Pais. "Je n’ai plus l’envie ni la force de m’investir deux ans dans un projet pour qu’ensuite presque personne ne le voit. J’y mets trop de passion pour subir ces déceptions. Ca m’amène à me demander si mon cinéma est mauvais alors que je sais que ce n’est pas le cas."

La Nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé : la série de Xavier Dolan est une réussite [critique]

Dans un autre entretien accordé à El Mundo, on comprend même que Dolan en est arrivé à vomir le cinéma, et la création en général. Rattrapé par le réel et consterné par l’état du monde (il craint une guerre civile et déplore la remontée de l’homophobie), il ne veut plus entendre parler de fiction :

"Je ne comprends pas à quoi ça sert de s’efforcer à raconter des histoires pendant que le monde s’écroule autour de nous. L’art est inutile, et se consacrer au cinéma une perte de temps. Je réfléchis à ce à quoi consiste mon travail et je me vois écrire, tourner, monter, dans le processus de post-production… Puis je voyage à travers le monde pour raconter ce que j’ai tourné, monté et post-produit… On fait comme si on avait le temps mais s’il y a bien quelque chose que nous n’avons pas, c’est le temps."

GALERIE
Diaphana Distribution / MK2 / Seville International / Sons of Manual

Comme il l’avait expliqué à Première, Dolan a été touché par l’échec de ses deux précédents films (Ma vie avec John F. Donovan et Matthias et Maxime), mais cette première expérience sur le petit écran semblait lui avoir ouvert de nouvelles perspectives ("Si ça se trouve, je suis moins un réalisateur de films qu’un showrunner") Sauf que La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé (disponible en France sur Canal Plus) n’a pas non plus eu l’impact escompté, malgré ses réelles qualité.

Xavier Dolan retrouvera peut-être la foi, d’ici quelques mois ou quelques années, comme tous ces artistes qui partent à la retraite puis reviennent une fois qu’ils se sont ressourcés. Mais pour l’heure, il a d'autres préoccupations : "Je vais construire une maison où je me réfugierai avec mes amis et je vais regarder le monde brûler".