Le Festival de Clermont-Ferrand appelle à l'aide après la baisse drastique de ses subventions
Sauve qui peut le court métrage

La région Auvergne-Rhône-Alpes l'a réduite de 110 000 euros, soit plus de la somme allouée d'habitude.

Vendredi, La Montagne alertait sur le vote de la commission de la région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez, qui a décidé que la subvention du festival du court métrage de Clermont-Ferrand serait réduite de 110 000 euros. Jusqu'ici, la somme allouée à cet événement culturel était de 210 000 euros, mais pour sa prochaine édition, elle s'élèvera à 100 000.

Les organisateurs ont rapidement réagi, publiant sur leur site et réseaux sociaux une lettre ouverte dans laquelle ils font part de leur incompréhension et de leur inquiétude. Citant la bonne santé de ce festival, qui a attiré lors de sa dernière édition près de 160 000 spectateurs en février dernier, ils s'interrogent sur cette réduction drastique des aides de la région, alors qu'un tel festival entraîne d'importantes retombées économiques.

L'association Sauve qui peut le court métrage, dirigée par Eric Roux et chargée d'organiser chaque année l'événement, publie ainsi le communiqué suivant, intitulé comme le film de Jean-Luc Godard, Sauve qui peut (la vie). Ils citent au passage d'autres festivals, comme Plein la Bobine (du Massif de Sancy) ou celui consacré aux courts métrages en plein air, organisé par la ville de Grenoble, qui ont subi comme eux de plein fouet la crise du Covid et qui sont cette année encore déficitaires.

 

"Le festival du court métrage de Clermont-Ferrand, succès à la fois professionnel, public et populaire, deuxième festival de cinéma français en terme de nombre d’entrées et œuvrant parmi les plus importantes manifestations dédiées à l’émergence cinématographique au monde, vient de perdre plus de la moitié de sa subvention 2023 attribuée par le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes. Voici leur message.

Cette baisse, elle touche en premier lieu notre association, qui comme tou·te·s nos ami·e·s et collègues acteurs et actrices culturel·le·s, vient de traverser une crise sans précédent et affiche pour 2022 un déficit menaçant. Ces difficultés et ce qu’elles présagent quant à l’avenir de notre manifestation, tous nos partenaires publics en ont été avertis, y compris la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Nous ne comprenons pas cette décision, dont les motivations restent floues et sur lesquelles nous n’avons pu dialoguer avec l’ensemble de nos élus régionaux référents.

Cette baisse, elle impacte tout un territoire qui profite chaque année de plus de 11 millions d’euros de retombées économiques directes avec la tenue du festival et de son Marché du Film Court qui attirent des milliers de professionnel·le·s venus du monde entier. Des dizaines d’hôtelier·e·s, de restaurateur·rice·s, de commerçant·e·s, tous les prestataires avec lesquels nous travaillons, sur l’ensemble du territoire régional, et des dizaines de personnes que le festival embauche chaque année.

Cette baisse, elle affecte un public et les citoyen·ne·s qui le composent. Un public nombreux (plus de 160 000 entrées pour le festival en 2023), mobilisé, comptant aussi bien des écolier·e·s, des collégien·ne·s, des lycéen·ne·s, des étudiant·e·s, des ouvrier·e·s, des cadres, actif·ve·s ou retraité·e·s. Un public venu des villes et des champs. Notre festival est un évènement pour tou·te·s, et l’a toujours été.

Cette baisse, elle menace tout l’écosystème du court métrage et plus largement de l’émergence cinématographique que notre festival et notre Marché du Film Court accompagnent depuis plus de 45 ans. C’est un maillon clé de l’industrie du cinéma française, européenne et internationale qui est touché. 

Cette baisse, elle vient s’ajouter à l’incertitude qui pèse toujours sur notre bureau d’accueil des tournages, créé il y a plus de 25 ans par notre association et qui pourrait lui aussi disparaître d’un revers de subvention.

Cette baisse, elle altère également d’autres acteurs culturels des territoires, touchés par d’importantes baisses de subventions ces derniers mois, notamment des festivals de cinéma amis comme Plein la Bobine ou le festival du court métrage en plein air de Grenoble. Nous sommes avec vous.

Cette baisse, elle nous met finalement dans une situation dangereuse qui pourrait à court terme signer la fin du festival et celle de notre association.

Nous remercions chacun·e de vous, qui avez déjà exprimé votre soutien : cinéastes, producteurs et productrices, groupements professionnels, diffuseurs, public d’hier et d’aujourd’hui. Vous nous êtes tous indispensables. Nous en appelons au soutien et à la mobilisation de tous et toutes, du public, de la profession, de nos partenaires privés et publics, du CNC et du ministère de la Culture, pour défendre tout ce que cette baisse menace, pour nous et pour les autres.

Sauve qui peut. Toujours."