David Fincher, totalement perplexe lors de la standing ovation de The Killer à Venise
Abaca

Le délégué général du festival de Cannes répète que le réalisateur de The Killer "a quitté le cinéma."

Invité au festival de cinéma de Göteborg, en Suède, le délégué général du festival de Cannes a été interviewé en duo avec le président de la dernière édition, le réalisateur Ruben Östlund. Après une blague à propos de son altercation avec un policier, survenue sur la Croisette en mai dernier ("Mon rôle, c'est parfois de parler à la presse, et d'autres fois de me battre avec des policiers"), Thierry Frémaux est revenu très sérieusement sur la mission de son festival, et des autres, de faire briller le cinéma à travers le monde. 

"Nous sommes véritablement au service des artistes, de la presse, du public et des professionnels, a-t-il expliqué en préambule, relayé par Deadline. Si ces rôles sont bien remplis, alors nous sommes heureux."

Thierry Frémaux à propos de Cannes et Netflix : "J’ai failli perdre mon travail. C’était très violent"

Au cours de la discussion avec le détenteur de deux Palmes d'or (pour The Square, en 2017, puis pour Sans filtre, en 2022), Thierry Frémaux a de nouveau justifié son choix de ne plus accueillir de films de plateforme, mais uniquement des œuvres produites pour les salles de cinéma. Une exception a été faite avec Okja, de Bong Joon ho, et The Meyerowitz Stories, de Noah Baumbach, tous les deux diffusés sur Netflix en 2017, mais depuis une poignée d'années, le règlement de ce festival est très strict au sujet des films de plateforme. Plus que la Mostra de Venise, par exemple.

Frémaux dit ainsi regretter de ne plus pouvoir sélectionner des films de David Fincher, dont il adore le travail, mais qui a signé un contrat d'exclusivité de plusieurs années avec ce même service de streaming.

"Pour nous, il était important que cette discussion ait lieu à Cannes, et elle s'est déroulée avec une certaine violence, détaille-t-il. Mais cela nous a tout de même permis d'ouvrir le dialogue avec ces plateformes. David Fincher, par exemple, c'est un grand cinéaste, mais il n'existe plus au même niveau dans nos cœurs et nos esprits que par le passé. Il veut travailler seul, sans heurts, il fait ses films pour des plateformes. C'est un monde différent, et il nous manque. On souhaiterait qu'il revienne dans notre monde."

Récemment, le réalisateur sélectionné par exemple par le passé pour Zodiac à Cannes, a sorti tous ses films (et des séries) sur Netflix. Si bien que ni Mank, ni The Killer n'ont été en compétition pour la Palme d'or, malgré l'admiration que porte Thierry Frémaux à sa mise en scène en général.

"Fincher a quitté le cinéma, avait déjà dit le délégué général du festival de Cannes à Konbini, en 2020. Aujourd'hui, il travaille pour les plateformes, où il fait des choses fantastiques. J'ai tenté de lui expliquer, très modestement, qu'il n'existe plus. En tout cas plus pour nous. Le cinéma, il a inventé la salle, le public, le box-office, les posters, les DVD... Une sorte de postérité tout azimut, qui fait qu'à table, dans les restaurants, on parle de cinéma. Lui, pour des raisons qui lui sont propres, et qu'on connaît : il veut sa liberté, il en avait marre de devoir se bagarrer, il fait des choses très chères... [il a signé avec Netflix] mais j'aimerais qu'il revienne au cinéma. C'est un des grands, grands, grands, grands cinéastes."

David Fincher prolonge une nouvelle fois son contrat avec Netflix