Louis Malle
(c)Gaumont

Le cinéaste d’Ascenseur pour l’échafaud bénéficie d’une grande rétrospective au Festival Lyon Lumière. L’occasion de réévaluer une œuvre trop longtemps ignorée.

Louis Malle (1932 – 1995) est l’une des plus grandes énigmes du cinéma français. Son statut auprès de la cinéphilie n’est pas très clair à l’image d’une filmographie qui, observée à distance, offre un tableau bigarré donc insondable. L’homme se sera sciemment employé à brouiller les pistes et chacun de ses longs métrages semble ainsi avoir été fait contre le précédent. Ses origines bourgeoises - il est le descendant des grands manitous du sucre en France, Béghin-Say - n’a sûrement pas plaidé en sa faveur, d’aucuns auront d’abord vu en lui un dandy dilettante. A l’heure où il est de bon ton d’égratigner les idoles, tel Tarantino dézinguant Truffaut « un amateur empoté » - changeons certaines pièces du musée. Le festival Lyon Lumière, grand-messe du cinéma de patrimoine consacre en ce mois d’octobre une large rétrospective à Louis Malle. Un évènement réalisé grâce à un important travail de restauration de la Gaumont. C’est le distributeur Malavida qui chapeaute ces ressorties. La rétrospective a pour nom Louis Malle, gentleman provocateur, partie 1 et couvre la première période du cinéma : Ascenseur pour l'échafaud, Les Amants, Le Feu Follet, Viva Maria !, Le Voleur, Le Souffle au cœur.

James Gray à l'honneur au festival Lyon Lumière

Les femmes de sa vie

La reconquête du territoire mallien (n’exagérons rien, Louis Malle a tout de même ses adorateurs !) peut commencer. On (re)verra par exemple Ascenseur pour l’échafaud (1957) avec une Jeanne Moreau en noir et blanc errer sous la pluie parisienne au son de la trompette de Miles Davis ; Le Feu Follet (1967), balade suicidaire d’un dandy fatigué ; le feu d’artifice féministe Viva Maria ! (1965) ou encore Le Souffle au cœur (1971), message d’amour du cinéaste à sa mère. L’occasion aussi de scruter certaines obsessions d’un réalisateur qui aura notamment cherché à travers chacune des actrices passées devant son objectif (Moreau donc mais aussi Bardot, et plus tard : Sarandon, Binoche, Moore...), une part de lui-même. Nul doute que sur ce terrain-là, Irène Jacob, actuelle présidente de l’Institut Lumière, qui signait ses débuts d’actrice sous sa direction dans Au revoir les enfants, apportera un précieux éclairage. 

Dans un synchronisme étonnant, la première véritable étude complète de l’œuvre de Louis Malle a parue il y a quelques mois : Louis Malle dans tous ses états, dirigée par Philippe Met (Les Impressions Nouvelles) « Les textes ici réunis ont pour objet principal, sinon unique, de proposer une réévaluation globale de la carrière « transatlantique » de Louis Malle, tout à la fois reconnue et négligée, éclectique et transgressive... » lit-on en guise de préambule, preuve s’il en est, qu’un travail restait à faire. Alors quoi ? Que peut-on espérer de Malle ? Que du bien.

Rétrospective Louis Malle au Festival Lyon Lumière du 15 au 23 octobre

Louis Lalle, gentleman provocateur, partie 1 : Ascenseur pour l'échafaud, Les Amants, Le Feu Follet, Viva Maria !, Le Voleur, Le Souffle au cœur. Distribution Malavida. En salles le 9 novembre.

Infos : www.festival-lumiere.or et www.malavidafilms.com


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