Toutes les critiques de Luther

Les critiques de Première

  1. Première
    par Alex Masson

    Martin Luther fut l’un des fondateurs de l’Eglise Protestante, connu pour avoir cloué sa centaine de thèses sur le sujet aux portes d’un château, et avoir défié sans faillir un pape qui lui demandait de la mettre en veilleuse. Luther fut aussi un linguiste ayant contribué à finaliser l’Allemand parlé, un compositeur ayant rénové de fond en comble la musique religieuse, etc etc. Ca fait beaucoup pour un seul homme, encore plus pour un biopic qui essaie de faire entrer une vie entière au chausse-pieds dans deux heures de récit. Le film utilise donc le chemin le plus pratique et le pire : l’accumulation de clichés. Luther mis en scène par Eric Till est une collections d’images d’épinal en carton-pâte, de la tonsure de cheveux de Joseph Fiennes façon Chaussée aux Moines à la vision facile d’une Eglise Catholique ultra-corrompue. En reprenant ces clichés, il laisse dans l’ombre d’obscures ellipses tout ce qui rendrait plus complexe ce récit : le climat politique ambigu de l’époque, le soutien des princes allemands au théologien rebelle… Seule source de lumière du film, l’une des dernières apparitions de Peter Ustinov en Prince Friedrich, amateur de reliques religieuses mais encore plus de pouvoir. Eric Till aurait été plus inspiré de filmer la biographie de cet homme-là, vu comment il renvoie à un archaïsme cinématographique la figure de Luther, homme en avance sur son temps. Pas comme son biopic, tourné en 2003, qui aura donc mis près de six ans pour nous parvenir. Le chemin de croix étant plutôt celui du spectateur qui s’infligera la chose…