Toutes les critiques de Le Libertin

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Gabriel Aghion a construit Le libertin autour d'une anecdote de la vie de Diderot. Le philosophe qui posait nu pour une femme peintre fut pris d'une érection et, comme la dame rougissait, lui dit : «Rassurez-vous, je suis moins dur que lui.»
    Le film conte l'histoire de cette journée au château du Baron d'Holbach (François Lalande), où Diderot rédige l'article "Morale" de l'encyclopédie, calme les émois de sa femme, ceux de sa fille, pose pour la mystérieuse Madame Merbouche (Fanny Ardant), et mange à la table extraordinaire de la Baronne d'Holbach (Josiane Balasko), passionnée de découvertes culinaires. Une société de notables oisifs est réunie, semble-t-il, pour passer l'été à la campagne. En fait, une imprimerie clandestine s'active sous la chapelle du parc pour que soit diffusée à travers l'Europe, l'Encyclopédie du philosophe.Le libertin envisage la naissance de la modernité en France du point de vue de la recherche et de la consommation du plaisir. Mais, malgré sa défense de l'excès, le film manque d'intensité, de frénésie et d'enthousiasme. Les ébats de Madame de Jerfeuil (Arielle Dombasle), qui rythment la narration comme une horloge sonne l'heure, ont quelque chose de mécanique. En ce sens, ils illustrent effectivement la marche invincible du progrès (la libération sexuelle, etc.), mais ils n'ont pas le piment et le goût de l'interdit qui font la matière de l'érotisme et l'esprit du libertinage.Les costumes glissent, les cheveux s'ébouriffent, on gobe des champignons hallucinogènes et on parle de contraception sur un ton un peu blasé. En dehors d'une très belle scène de nu masculin (Vincent Perez courant dans les prés), tout se passe sur le mode de la banalisation, dans une agitation joviale mais sans fièvre.Le libertin
    De Gabriel Aghion
    Avec Vincent Perez, Michel Serrault, Fanny Ardant
    France, 1999, 1h40.