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L’actualité récente inspire une fois encore André Téchiné, comme en 2009 lorsqu’il réalise La Fille du RER. Pour comprendre ce qui se cache derrière le fait divers : le pouvoir, l’argent, la séduction et surtout les rapports humains. Étalé sur trente ans (et au fi l de grimages hasardeux), le film est l’adaptation par Téchiné, Cédric Anger et Jean- Charles Le Roux du livre Une femme face à la Mafia, cosigné par ce dernier avec sa mère Renée. Il colle à la réalité (les noms, les lieux et certains faits consignés sont respectés) et, après la dernière image, des cartons indiquent in extremis les conclusions du dernier procès et la condamnation à vingt ans de réclusion de Maurice Agnelet en avril 2014. Mais il s’en éloigne aussi, car Agnès semble ici être fi lle unique, ce qui recentre l’affaire autour de son lien compliqué avec Renée. « L’homme qu’on aimait trop » du titre est un personnage secondaire, moins sujet qu’objet de la revanche d’une fi lle sur sa mère. Drôle de vengeance consistant à lui retirer son jouet préféré (le Palais de la Méditerranée, casino dont elle est propriétaire) et qui dérape d’une amitié frondeuse pour l’avocat à une passion irraisonnée et dévorante. Téchiné rate les à-côtés (le faste d’un monde en perdition) et, malgré l’énergie de Deneuve, ne parvient pas à faire exister cette femme d’affaires fl ouée doublée d’une mère éplorée. Mais il réussit le portrait d’une jeune femme des années 70. Encore pétrie d’enfance malgré un corps épanoui de nageuse, Agnès tombe amoureuse comme une adolescente, romantique et désespérée. Beau personnage auquel Adèle Haenel confère force et fragilité.
Toutes les critiques de L'homme qu'on aimait trop
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un film passionnant sur les rapports humains. André Téchiné réalise le pari de montrer et décrypter plutôt que démontrer. (...) Depuis 37 ans, Agnès Le Roux était un nom associé à un fait divers, elle est désormais plus que ça.
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Inspirée d’une histoire vraie, et qui se poursuit encore devant la justice, L’homme qu’on aimait trop est passionnant. Passionnant par ce qu’il raconte et la manière dont il le fait, avec efficacité, précision, et surtout rythme. Pas de lenteurs ni de trous d'air dans le récit, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas un seul instant.
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Thriller magnifique sur fond de décadence du Casino, L’homme qu’on aimait trop joue avec grâce des flash-back pour mettre en scène avec classicisme et tact une intrigue lancinante. Le jeu des acteurs tient le film comme une cathédrale. A commencer par Catherine Deneuve, toujours royale, variant encore une fois sur le rôle de la grande dame, sans jamais complètement se répéter. (...) Quant à Guillaume Canet, en homme fatal, il reconquiert toute notre estime. Même s’il n’a plus tout à fait le look d’un jeune premier, il reste un séducteur d’une justesse infinie. Un très beau film, que les scènes d’ouverture et de clôture encadrent, comme un tableau précieux.
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Sur fond de guerre financière et de règlements de compte familiaux, le metteur en scène tisse une toile étonnante, qui détourne les règles du genre. (...) Si certains raccourcis déçoivent, et que ce n’est pas le meilleur Téchiné, cette digression sur l’affaire Le Roux vaut le détour.
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Téchiné s'attache non pas à percer cette énigme, mais à épaissir ce mystère encore total d'un corps disparu dans la nature qui vient apporter du romanesque à ce récit très factuel dans sa narration. Ce corps prend chair grâce au charisme imposant de l'actrice Adèle Haenel dont le talent se confirme de film en film. Son absence occupe tout le champ, laissant alors peu de place à un Guillaume Canet légèrement en dessous, cherchant parfois vainement sa place.
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«L’homme qu’on aimait trop» est un portrait de femme saisissant, peut-être l’un des plus beaux qu’il nous ait été donné de voir sur un écran depuis longtemps.
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Téchiné tire un beau portrait de femme perdue par amour, en utilisant le feuilleton judiciaire comme toile de fond. Au passage, Guillaume Canet (...) décroche son rôle le plus inquiétant à ce jour.
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Téchiné revisite à sa manière l’affaire Agnelet et en profite pour continuer son exploration du visible et de l’invisible social. La démonstration est convaincante mais pas nouvelle.
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D’une totale opacité, (...) Guillaume Canet en est l’interprète parfait – le rôle de sa vie ? Le coup de génie de Téchiné est de ne pas charger ce personnage que tout accable. De l’aimer trop, lui aussi. Agnelet est peut-être un salaud (...) mais le cinéaste le regarde droit dans les yeux (...) pour en faire un personnage de cinéma.
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Si Canet, qui s'est entretenu plusieurs fois avec Agnelet au téléphone, incarne assez bien la transparence trouble, il y a quelques soucis de rythme, un peu défaillant. Par ailleurs, à force de ne pas vouloir trancher, de laisser le spectateur face au mystère des personnages et de leurs mobiles, Téchiné en vient souvent aussi à se contenter d'illustrer. Quant à la conclusion, le procès trente ans plus tard avec le vieillissement artificiel des acteurs, et une autre exposition des faits, ce n'était sans doute pas la meilleure idée.
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hie. C’est ce duo d’actrices (Catherine Deneuve et Adèle Haenel) qu’on retiendra de L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP. Car le film s’effondre rapidement dans sa partie « contemporaine » où un Guillaume Canet vieilli et grimé, dans la peau d’un Agnelet réchappé de tout, fait face à la cour dans une reconstitution de procès à l’intérêt relatif, puisque rebattant des faits qui nous sont déjà familiers.
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Le cinéaste suit une forme classique pour mieux clarifier les faits qui jalonnent une histoire complexe. (...) Catherine Deneuve est une fois de plus époustouflante de vérité dans un rôle parfaitement à sa mesure. Détachée de toute contrainte carriériste, elle fait depuis quelques années ce qu'elle veut, excelle dans ses choix d'actrice et donne tout ce qu'elle a avec une sincérité confondante.
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Guillaume Canet en Maurice Agnelet sont convaincants. Quant à Adèle Haenel, elle est parfaite en jeune femme brouillée avec sa mère.
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Adèle Haenel s’avère sublime dans le rôle de cette jeune héritière soucieuse de rompre avec la pression familiale et qui se brûle les ailes dans une passion sans retour.
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Téchiné convoque à la barre son actrice fétiche, Catherine Deneuve, pour un face-à-face tendu avec Guillaume Canet. Bien jouée, à défaut d’être passionnante, cette plongée dans les arcanes de cette célèbre affaire judiciaire piquera la curiosité de ceux qui l’ont suivie.
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L’Homme qu’on aimait trop pâtit d’un trop-plein d’intentions et d’une paradoxale absence de point de vue, la faute sans doute à un filmage télévisuel, un héritage de la Qualité Française bien trop apparent et un montage abrupt.
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Réduit à un affrontement psychologique, le récit criminel devient proprement indéchiffrable. (...) Téchiné a sans doute voulu éviter les cartes postales niçoises, mais il n'en rate aucune (...). Si bien que le sens du film disparaît avant son héroïne tragique.
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Un jour de 1977, Agnès Le Roux disparaît. Agnelet est accusé de meurtre. Sauf qu'il n'y a pas de cadavre. Trente ans plus tard, l'affaire est portée devant les tribunaux. Mauvaise idée de traiter cette partie juridique dans le dernier tiers du long-métrage, très au-dessous de ce qui précède. (...) Restent les deux premiers tiers, formidables de rigueur et portés par des comédiens irréprochables, dont une Catherine Deneuve au sommet.
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L'homme qu'on aimait trop est un objet bizarre, imparfait, conservant les noms et les faits mais semblant faire oeuvre de fiction. (...) Guillaume Canet est si en retrait qu'on a du mal à le voir comme le personnage principal. Et Catherine Deneuve a beau déployer sa belle énergie, quelque chose ne prend pas.
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L’évocation de ce fait divers combine avec talent désir, pouvoir et mystère même si l’approche un peu trop “froide” de l’ensemble nuit à l’implication émotionnelle.
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Trop ancré dans un réel, par définition emmêlé, l’Homme qu’on aimait trop se perd dans les ellipses et dans une description, malheureusement trop rapide et classique, de l’esthétique artificielle de la Côte d’Azur.
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on se demande encore ce qui a bien pu intéresser le réalisateur des Roseaux sauvages ou des Egarés dans l’affaire Agnelet/Le Roux. Le seul point positif du film, qui ne prend partie pour aucun camp : ses interprètes.
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On sort déçu : les scènes avec le tristement célèbre Jean-Dominique Fratoni, racheteur de tous les casinos de la Côte d'Azur pour y blanchir de l'argent, font très « carte postale ». Et le procès final, avec un Guillaume Canet maladroitement vieilli, sont sans intérêt. Comme si Téchiné se fichait de l'intrigue, dès lors qu'Agnès Le Roux était morte et, avec elle, les tourments humains qui, seuls, le passionnent.
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Même si certains pensent assez légitimement que le cinéma de Téchiné est beaucoup trop lissé pour tendre vers cette violence psychologique qu’il entend représenter, on ne s’attendait néanmoins pas à autant de tiédeur dans la manière de mettre en scène ce fait divers.
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Hélas, la réalisation d’André Téchiné reste étrangement plate, atone. (...) Seule Adèle Haenel (dont l’étrangeté un peu brutale hantait déjà ‘Naissance des pieuvres’ ou ‘L’Apollonide’) paraît tirer son épingle du jeu. (...) A considérer comme un téléfilm de luxe, donc.
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L’Homme qu’on aimait trop déçoit. Les décors opulents et l’affiche de prestige ne peuvent effacer le manque d’intensité de cette œuvre qui frise parfois le grotesque en vieillissant artificiellement les personnages, lorsque ceux-ci se retrouvent, bien des années plus tard, dans le prétoire. Au final, le spectateur se sent peu concerné par le récit, qui ne sublime en rien le retentissant réel dont il se nourrit.
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Un film répulsif qui sent le moisi et restitue, à longueur de plans, ses aigres relents.