Toutes les critiques de Half Nelson

Les critiques de Première

  1. Première
    par Mathieu Carratier

    Pour son premier long, Ryan Fleck a choisi de traverser un véritable champ de mines, prêt à sauter sur tous les clichés habituels du cinéma indépendant américain. Et en sort absolument indemne. Grave mais jamais plombant, cru sans être misérieux, puissant mais pas tape-à-l'oeil, Half Nelson avance dans l'obscurité de son sujet et trouve un interrupteur précieux: Ryan Gosling.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    Le film, à son modeste niveau, recommence, si l'on veut, tout de zéro, en cherchant tout simplement à savoir comment faire exister cinématographiquement une relation entre ces deux personnages. Cultivant de manière cohérente avec son propos la rupture et la perte des repères (narration fragmentée et elliptique, caméra portée, faux raccords, décadrages et passages au flou...), il y parvient néanmoins avec une stupéfiante douceur, un sens heureux du contre-pied, un art consommé de l'irrésolution. (...) A l'image du sparadrap aux couleurs de la bannière étoilée que Dan portera désormais sur la lèvre inférieure, il faut voir en Half Nelson un film américain étonnamment incongru.

  2. Elle
    par Helena Villovitch

    On a envie de les serrer dans les bras, ces personnages courageux qui se débattent dans un environnement compliqué.

  3. Fluctuat

    Il est blanc, prof d'histoire, accro au crack. Elle est noire, élève, solitaire. Half Neslon, la rencontre de deux abandonnés magistralement interprétés sous la caméra attentive de Ryan Fleck. Un « petit » film si bien posé entre le désespoir et son contraire qu'on ne s'étonnera pas qu'il ait raflé déjà pas mal de prix.
    - Exprimez-vous sur le forum Half NelsonBrooklyn. Un collège à majorité afro-américaine. Jeune prof d'histoire idéaliste, accessoirement coach de l'équipe de basket féminine, Dan Dunne fait office d'extra-terrestre au sein de l'établissement. Blanc, un peu rebelle, très passionné, ses coudes coincent à l'entrée du système mais devant sa classe il assure, capte l'intérêt des jeunes élèves. En privé, c'est moins glorieux. Solitaire et accro à la fumette de crack, il essaye d'écrire sans grande conviction, regarde sa vie se déliter, se perd dans des soirées douteuses. Un soir son élève Drey, 13 ans, le surprend dans un état second. Elle, sa mère bosse comme une folle au SAMU, son père est aux abonnés absents, son grand frère est en prison pour une affaire de stups. Dan, Drey, deux abandonnés viennent de se trouver.Ni blanc, ni noirJamais caricatural, Half Nelson nuance ses personnages et pousse à la réflexion. Les contradictions cohabitent en chacun et les portraits croqués n'en sont que plus palpables. La bonté se pique de vice, la volonté n'existe que face aux faiblesses, l'aspiration à mieux se mêle aux désirs primaires.
    Sur fond de leçons sur la lutte pour les droits civiques américains, le film se concentre sur deux êtres particuliers qui offrent une résonance riche au propos historique. Blanc et Noire, Dunne et Drey trimballent malgré eux la pesante histoire de leurs peuples, mais existent aussi au-delà de leur couleur de peau. Au sens figuré, ils échappent même aux teintes trop nettes et évoluent plutôt dans la grisaille de leur complexité ; ni parfaits, ni losers complets. Solide car lucide dans cette observation, Half Nelson porte sur eux, leurs actes et leur environnement un regard vif mais qui ne juge jamais.
    Plus largement, le film incite à un raisonnement du même ordre sur les événements, historiques ou simplement quotidiens. Le principe : nuancer toujours pour viser la compréhension, ne pas asséner, s'enrichir des oppositions. Pour être intelligent l'oeil doit être critique, dépasser les apparences, et pour être fructueux l'apprentissage doit ménager une place aux interrogations. Sur le prétexte de simples cours d'histoire, le discours s'offre ainsi quelques envolées philosophiques inspirées, et dicte ces préceptes comme règles de vie.Au plus prèsSerrée sur les deux protagonistes, la caméra est souvent subjective, à l'épaule, adoptant des mouvements qui miment le reportage. L'image prend du grain au passage, les couleurs se salissent. Par chance, le rendu n'est ni insupportable ni surfait. Rien d'une posture faussement indé, Ryan Fleck a simplement choisi le mode qu'il fallait pour donner vie à son scénario de l'intérieur. Attentif à la composition des cadres, il plante avec justesse la solitude dans un cadre de porte, fouille le vide d'un regard, dévoile la nervosité d'un geste. Habile, il glisse du net au flou, du flou au sur-flou, sans jamais filer la nausée. Et capte sans faillir la redoutable finesse du jeu de ses comédiens. Grave, la jeune Shareeka Epps (Drey) livre soudain un sourire franc. Au fond du gouffre, l'oeil de Ryan Gosling (Dunne) pétille sans prévenir. L'un et l'autre se comprennent, se parlent, s'amusent. Deux personnages, deux solitudes qui ont trouvé à qui parler, chacune balançant entre la relève et la chute. Deux âges, deux univers, deux acteurs qui se rencontrent. Et tout ça, malgré la dureté du sujet, se termine sur un éclat de rire. Dans ces cas-là on dit merci. Half Nelson
    De Ryan Fleck
    Avec Ryan Gosling, Shareeka Epps, Anthony Mackie
    Sortie en salles le 18 juillet 2007
    Illus. © Colifilms Diffusion
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  4. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    Avec un tel sujet, on pouvait redouter le mélo, les clichés. Il n'en est rien. Le film collectionne les récompenses. Nommé pour l'Oscar, Ryan Gosling, aperçu récemment dans La Faille, habite l'écran et s'affirme comme l'un des plus talentueux de sa génération.

  5. Télérama
    par Pierre Murat

    Certes, la silhouette de ce prof gentiment misfit rappellera aux nostalgiques les paumés du grand cinéma américain des sixties. Tout ce qui lui arrive, en revanche, y compris la pirouette finale et les gens qu’il croise tel ce vilain-dealer-noir, n’échappent pas à la convention. Heureusement, Ryan Gosling, découvert dans N’oublie jamais, de Nick Cassavetes, et La Faille, de Gregory Hoblit, prête au petit prof une séduisante vulnérabilité, dans sa chute comme dans son improbable renouveau.

  6. Paris Match
    par Alain Spira

    S'appuyant sur l'interprétation solide de Ryan Gosling, une valeur montante du cinéma américain, ce drmame oscille pourtant entre le produit hollywoodien et le film d'auteur. Ces doubles courants semblent s'annuler l'un lautre, provoquant ainsi une sorte de molesse dans le récit, qui se traduit, pour le spectateur, par un manque de rythme.