Et ta Soeur

Alchimie manifeste entre les comédiens, ping-pong effréné de dialogues aux allures (trompeuses) d’improvisation, sympathique mise en avant du singulier Grégoire Ludig... Dynamisée par un montage au rasoir, l’opération séduction fonctionne plutôt correctement. Reste que le trio formé par un jeune homme (Pierrick), l’ex de son frère décédé et la sœur lesbienne de cette dernière semble beaucoup s’amuser tout seul, au point de flirter avec l’absence de véritable scénario. Par chance, ce sentiment tenace de complaisance et de gratuité se voit contredit pile au bon moment : une fracture advient et ses enjeux unifient jusqu’à l’émotion cet apparent vagabondage sans finalité.

Sur un terreau de jeu 100 % naturel, le duo Efira-Nakache est solide, complice et émouvant.

 Rebondissements et dialogues ciselés font le sel de cette comédie dramatique pétillante signée Marion Vernoux (...)

Ne vous arrêtez pas au titre un peu bidon et à l’affiche un peu laide, Et ta soeurest un délicieux moment de comédie sentimentale qui a su s’affranchir de son modèle américain, avec dignité.

Si le film tient malgré tout la rampe, il le doit à ses comédiens, Grégoire Ludig et surtout le duo Virginie Efira-Géraldine Nakache qui apporte le rythme et le souffle qui font défaut au récit. 

 Grégoire Ludig, qui incarne ce dépressif séducteur, est une véritable trouvaille.

Nue sous un gros pull irlandais, pas maquillée, Virginie Efira offre une facette plus vulnérable et émouvante de sa personnalité face à Géraldine Nakache, véritable bulldozer comique.

. Derrière le ping-pong des dialogues, percent la mélancolie et la force de liens qui se resserrent.

Du travail bien fait qui n’égale pourtant pas Your sister’s sister, son sentiment de proximité et de naturel absolu dans les dialogues et les interactions. 

Aucun des trois comédiens — Virginie Efira, Grégoire Ludig, Géraldine Nakache — ne retrouve les notes, le charme, le sens de la dérision qu'avait la version originale.

Très vite, les scènes pédalent dans la semoule, et la parole se noie dans la facilité des effets de naturel ou de connivence.

Et ta sœur est l’adaptation de la comédie romantique indé de l’Américaine Lynn Shelton, sortie en 2013 sous le titre Ma Meilleure Amie, sa sœur et moi. (...) Cette transposition bretonisante se fait, hélas, avec une légèreté forcée, sans l’osmose du trio d’origine parfaitement assorti.

En tout cas pour les seuls protagonistes, tant aucune des situations révélées par un scénario bien insipide ne nous surprend.

Le film est un ratage dans les grandes largeurs : la faute à un scénario mal fichu, des dialogues aussi explicatifs que lourdingues et des acteurs qui, faute d’avoir vraiment quelque chose à jouer, surinvestissent leurs personnages au point d’en faire ressortir toutes les faiblesses d’écriture. 

Les acteurs s’agitent et surjouent inconsidérément, l’intrigue se noue et se dénoue à partir d’un préservatif récupéré dans une poubelle, et voilà, cela fait un film de plus, un film pour rien, si ce n’est pour faire tourner une machine dont les hoquets n’amusent plus personne.