Toutes les critiques de Echo Park, L.A

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Un Américain et un Anglais qui filment une communauté hispanique dans le quartier d'Echo Park à Los Angeles. Ce pourrait être casse-gueule, à côté de la plaque ou condescendant. Mais Echo Park, LA est un film sincère, et qui sonne juste. Richard Glatzer et Wash Westmoreland co-réalisent un drame social sans misérabilisme et plein de poésie.
    A l'image de la ville - et plus encore du quartier - où il a été tourné, Echo Park, L.A. est bilingue espagnol/anglais. Détail symbolique : ce petit film indépendant raconte la vie quotidienne à Echo Park, quartier de Los Angeles où se concentre une importante communauté hispanique. A la fois adapté à son environnement immédiat et à ses changements, et ancré dans des racines d'ailleurs, faites de traditions ancestrales, c'est un quartier en pleine mutation.
    Ceci étant dit, on imagine des histoires de luttes raciales, de drogues et de gangs. Mais non, si toutes ces données sont évoquées en arrière plan, Echo Park est presque exempt de violence, les réalisateurs ayant sans doute choisi de se focaliser plutôt sur les aspects positifs de leur environnement.Les deux scénaristes-réalisateurs vivent en effet dans ce quartier de Los Angeles. C'est après avoir été invités à une quinceañera (le titre original), grande fête organisée pour célébrer les 15 ans des jeunes filles chez les latinos, que les deux hommes ont eu l'idée de leur projet. Et c'est sur cet événement que s'ouvre, et se clôt, le film. La quinceañera est un événement majeur dans la vie d'une jeune fille, un rituel de passage, et se prépare ardemment, plusieurs mois à l'avance. Il fournit le prétexte au film, les points de départ et d'arrivée entre lesquels beaucoup de choses se passent. La vie, tout simplement. La vie d'une adolescente en particulier qui, à l'approche de ses 15 ans et de la fameuse fête pour les célébrer, découvre qu'elle est enceinte, alors qu'elle est toujours vierge. Lorsque son pasteur de père s'en aperçoit, il la chasse et elle se réfugie chez l'arrière grand-oncle - très belle figure de tolérance et d'amour sans restriction - aux côtés de son cousin, également mis à l'écart pour cause d'homosexualité.
    Ceci symbolise bien l'esprit du film : cette immaculée conception qui a des conséquences dramatiques, c'est toute la poésie insufflée à une réalité bien plus prosaïque. Echo Park n'est pas un film politique, même si c'est une dimension difficile à évacuer quand on décrit la vie d'un quartier communautaire plus ou moins défavorisé. Il est difficile de parler des hispano-américains sans avoir en tête les questions d'immigration, d'intégration, de racisme...
    Mais c'est surtout l'esprit de cette communauté qui est analysé, plus que sa confrontation au reste du monde. Entre tolérance et étroitesse d'esprit, adaptation et décalage ou incompréhension, c'est un monde tout en nuances qui est décrit, avec beaucoup d'affection.
    La construction du récit - la fameuse fête qui ouvre et clôt le film - sur le mode de l'éternel recommencement semble vouloir perpétuer ces traditions. Les petits-enfants reproduisent les rituels de leurs grands parents, mais intègrent - parfois dans la violence - les évolutions du monde, lui permettant d'avancer. La scène d'ouverture montre en effet un rituel assez orthodoxe, quand la fin figure une certaine émancipation du poids des traditions. Le quartier s'adapte à ses mutations.
    Dans ses références au passé et son ancrage dans le présent, à travers la mise en scène du mélange des cultures, des langues, des générations, Echo Park parle finalement un langage universel. La focale est serrée - une communauté au sein d'un quartier déterminé - mais donne à voir un plan bien plus large.
    Grand Prix du Jury et Prix du Public au Festival Sundance 2006, Echo Park a été écrit en trois semaines, tourné en dix-huit jours, et une bonne partie du casting se compose de non professionnels, habitants du quartier. Ce dernier aspect n'est pas forcément un gage d'authenticité, mais donne pourtant une justesse indéniable au propos et à l'esprit du film.
    Echo Park, LA (Quinceañera)
    Un film de Richard Glatzer et Wash Westmoreland
    Avec : Emily Rios, Jesse Garcia, Chan Gonzalez, Jesus Castanos-Chima
    Sortie en salles le 5 juillet 2006