En Thérapie  saison 2
Arte

L'acteur analyse pour nous les nouveaux épisodes infusés par les angoisses du confinement.

La saison 2 d'En Thérapie totalise déjà 7 millions de vues en une semaine sur arte.tv. L'intégralité des 35 épisodes est disponible gratuitement sur la plateforme, ainsi que l'intégralité de la saison 1. Pour les autres, c'est ce soir que débute la diffusion sur Arte, avec les cinq premiers épisodes, qui nous ramènent dans le cabinet du Dr Dayan, cinq ans plus tard. Le traumatisme des attentats du 13 novembre fait place à celui des confinements forcés par la crise du COVID. Désormais divorcé et installé en banlieue, Philippe se reconstruit et tente d'aider en même temps de nouveaux patients qui défilent sur son divan. Tout un programme, qu'analyse pour Première le psy d'En Thérapie, Frédéric Pierrot.



PREMIÈRE : Vous avez hésité à rempiler ? À revenir écouter les problèmes des autres pendant 35 nouveaux épisodes ?
Frédéric Pierrot.: Pas longtemps ! Il y a un moment où tous les scénarios n'étaient pas encore écrits et où je n'avais pas encore tout lu. Donc il a fallu prendre une décision, s'engager sur la base d'une dizaine de scripts seulement. Mais le doute n'a pas tenu bien longtemps.

Cette saison 2 explore les conséquences du confinement, des masques, des gestes barrières... Comment vous avez vécu tout ça, à titre personnel ?
On se projette tous facilement dans cette saison 2 je crois. Moi, le confinement, je l'ai vécu seul dans l'appartement où j'étais. Rétrospectivement, je me souviens avoir été très discipliné, rigoureux sur le respect des règles ! Je n'osais pas sortir du périmètre autorisé. Et puis au fur et à mesure de mon agacement, notamment devant les mesures prises par rapport à la culture, j'ai commencé à dépasser un peu les limites... Mais bon, on a quand même tous été très respectueux des règles non ?

Pourquoi est-ce qu'il fallait mettre la pandémie au centre de l'intrigue ?
L'ellipse de 5 ans entre la saison 1 et la saison 2 nous a permis cela. Quand on a tourné, cela faisait déjà un an et demi qu'on vivait avec le COVID. On était déjà face à un changement de paradigme sur notre vision du monde. Tous. On a bien senti une fragilité dans la société. Ancrée dans toutes les strates en profondeur. Les psy sont d'ailleurs sollicités par des gens de plus en plus jeunes ! Alors c'était important de resituer la série dans un présent bien concret.

Comment est-ce que la saison 2 rentranscrit ces angoisses ?
Il y a ce petit garçon joué par Aliocha Delmotte, qui est très marqué par les gestes barrières, par les masques et qui témoigne de ça notamment. Il y a la jeune fille jouée par Suzanne Lindon qui trouve qu'elle n'a pas sa place dans un hôpital, malgré sa pathologie, parce qu'il y a plein de gens qui meurent du COVID... Il y a un véritable écho de ce qu'on a vécu. Et même Philippe Dayan est très stressé ! Par la perspective du procès qu'on veut lui intenter, évidemment, mais aussi par son propre confinement, une certaine perte de repères. Il a déménagé. Il voit moins ses enfants. Il est clairement plus travaillé par des choses inconscientes.

Il y a de nouveaux patients sur votre divan cette année. C'est compliqué de repartir avec un nouveau casting ? De recréer une alchimie de A à Z ?
C'est passionnant à faire. C'est très excitant de rencontrer tous ces gens. J'avais l'expérience de la saison 1 en plus, donc j'ai pu mieux apprécier. J'ai un peu guidé les nouveaux, je les ai accueilli au mieux et puis après, on a tous été pris par le rythme du tournage. Et au bout de deux semaines, quand on joue un truc comme ça, chacun se met complètement à nue. On finit à poil, soyons clairs ! Ce sont des rôles en prise directe avec notre inconscient...

Aujourd'hui Frédéric Pierrot est indissociable de Philippe Dayan. Il est entré en vous d'une certaine façon ?
Je n'aime pas l'expression "entrer dans la peau du personnage". Parce que au fond, tout passe par le langage. Par les dialogues. C'est ça qui compte ! Honnêtement, je ne sais pas exactement qui c'est, Philippe Dayan ! Il a mes traits, certes, mais je ne me sens pas titulaire du personnage. Il existe dans l'imaginaire des gens. Je crois qu'il y a autant de Dayan qu'il y a de spectateurs.