Copenhagen Cowboy
Netflix

Après un détour par Amazon, le dandy danois débarque sur Netflix et confirme que les séries sont l’écrin idéal pour son art ensorceleur et flashy.

"Un cinéaste est né !", s’enthousiasmait, à la sortie de la projection cannoise de The Neon Demon, en 2016, un confrère qui n'avait jusque-là jamais été séduit par les films siglés NWR. L’opus en question semblait en effet marquer un tournant dans le parcours du Danois crâneur, réalisateur de Drive et Pusher. Mais sept ans après, où est passé le cinéaste Refn ? Il n’a pas signé un seul long-métrage depuis, la bulle de hype entourant son nom a explosé depuis longtemps, et il a trouvé refuge sur les plateformes. En 2019, sur Prime Video, la série Too Old To Die Young (peu vue, peu commentée) se révélait l’une de ses créations les plus intéressantes. Le voici aujourd’hui sous pavillon Netflix, et de retour au pays natal, 18 ans après Pusher III.

Le titre de cette série en six épisodes est trompeur : il n’y a pas de cowboy dans Copenhagen Cowboy, mais une héroïne, Miu (Angela Bundalovic), jeune femme mystérieuse réputée posséder des pouvoirs surnaturels, petite sœur des personnages précédemment joués chez Refn par Ryan Gosling et Mads Mikkelsen, mutique et indolente, en survêt’ bleu et coupe Playmobil, qui déambule dans des bas-fonds danois dépeints comme les cercles de l’enfer : maison de passe concentrationnaire tenue par des mafieux albanais, château hanté par des vampires phallocrates, cabinet d’avocat véreux dirigé par le Russe de Sans Filtre… Le monde y est vu comme une porcherie (parfois littéralement, certains hommes ici ne pouvant s’exprimer qu’en couinant comme des cochons).

La série redéploie cet art de la stase hypnotique qu’affectionne NWR, ces lents panoramiques zébrés de néons, secoués de flashs de violence provoc’ et gorgés d’humour noir. Mais ce qui ressemblait trop souvent à de la pose pubarde et cynique dans ses films trouve son sens dans le lent écoulement d’images, potentiellement sans fin, offert par le streaming, cette narration flottant comme un rêve (Refn a clairement été traumatisé par Twin Peaks : The Return), cette idée de visions pouvant s’empiler et se superposer à l’infini, jusqu’à perdre toute notion du temps. Alors, un peu de poésie, de mélancolie, se cristallisent, et on comprend qu’un cœur bat derrière la frime fluo et les poses hiératiques. Copenhagen Cowboy n'a pas été faite que pour la beauté du geste. La preuve : la fin du sixième épisode appelle clairement une saison 2. Un téléaste est né, on dirait. 

Copenhagen Cowboy, créée par Nicolas Winding Refn, avec Angela Bundalovic, Lola Corfixen, Zlatko Buric… Sur Netflix.