Platée : une bouffonnerie hissée au niveau d’un bijou baroque

Pourquoi y aller ? Parce c’est la reprise, pour les fêtes, d’un petit bijou de l’opéra baroque dont le succès public ne s’est jamais démenti. Le metteur en scène Laurent Pelly, brillant et imaginatif, avait monté cette œuvre il y a dix ans. C’est un énorme pastiche de l’opéra traditionnel que composa Jean Philippe Rameau (1745) et qui raconte de manière burlesque le face à face d’une veille nymphe –jouée par un homme, et d’une jeune mariée. Rameau s’amuse à contrefaire tous les codes et les personnages de la carte du Tendre et de la mythologie grecque. Le livret, plein d’humour et de dérision, prête le jeu à toutes les folies. Le plus : C’est la mise en scène, totalement déjantée, portée par des interprètes qui acceptent de se laisser aller dans ce délire. Une énorme mare aux grenouilles sensée figurer un théâtre, dans lequel Paul Agnew ou Jean-Paul Fouchécourt (Platée) surnagent en coassant, Mireille Delunsh compose une diva étonnante dans le rôle de la Folie, et une kyrielle de personnages, telle une ménagerie aquatique, s’en donne à cœur joie pour nous étonner. Au final : Une fantaisie baroque idéale pour les fêtes, que dirige avec beaucoup d’allant le chef Marc Minkowski avec ses musiciens du Louvre-Grenoble. Les décors de Chantal Thomas et la chorégraphie de Laura Scozzi sont particulièrement réussis. Opéra Garnier jusqu’au 30 décembre Photo : Opéra national de Paris/ Christian Leiber