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Son deuxième Oscar remporté pour Le Client place le réalisateur iranien pas loin du sommet de la pyramide. 

Tout en haut, il y a Fellini et ses quatre Oscar du meilleur film étranger, talonné par Ingmar Bergman. Derrière ces deux monstres sacrés du cinéma, il y a donc désormais Vittorio de Sica et Asghar Farhadi, couronnés deux fois. L’exploit du réalisateur iranien est cependant assez unique puisqu’il n’a tourné, pour l’instant, que sept films et que la compétition dans cette catégorie est bien plus féroce qu’à l’origine (huit candidatures en 1957 contre 81 en 2016 !).

L'émouvant message d'Asghar Farhadi et des réalisateurs nommés à l'Oscar du Meilleur film étranger

L’Oscar pouvait-il échapper au Client ? Indépendamment de ses qualités, qu’on peut discuter (voir notre critique), et de la faible concurrence, d’où émergeait seulement Toni Erdmann, le film a sans doute bénéficié d’un élan de solidarité à l’heure des décrets anti-immigration de l’administration Trump. Après le boycott de la cérémonie par Farhadi et la lettre commune envoyée par les cinq concurrents de la catégorie, la projection du Client en plein air, à Londres, hier après-midi, à Trafalgar Square, a achevé de créer autour du film un buzz ultrapositif. Le progressisme d’Hollywood a fait le reste. Le message de remerciement à l’Académie de Farhadi, lu par une ingénieure et astronaute irano-américaine, a d’ailleurs déclenché un tonnerre d’applaudissements. En gros, le cinéaste iranien a rappelé les raisons de son boycott et ses motivations en tant qu’artiste consistant à « casser les stéréotypes sur les différences de nationalités et de religions. »

Loin de nous, évidemment, l’idée de minimiser l’Oscar du Client et le talent de son réalisateur. A 44 ans, Asghar Farhadi a l’avenir devant lui et suscite l’admiration de ses pairs comme en témoigne son prochain film qui sera coproduit par Pedro Almodovar. L’influence de son cinéma elliptique et à la théâtralité factice (tout y affaire de pure mise en scène) commence d’ailleurs à faire des émules, ici et là. Farhadi n’est pas encore Fellini (il est d’ailleurs plus proche de Bergman dans l’esprit) mais il a incontestablement le pouvoir de marquer l’histoire du cinéma mondial.