Roma x La Main de Dieu
Netflix

"J’ai pleuré sur l’histoire de cette femme mexicaine, très éloignée de moi, de mon histoire, de ma culture", nous confie le cinéaste italien.

Paolo Sorrentino, 51 ans, vient de signer son film le plus personnel avec La Main de Dieu, sorti mercredi sur Netflix. Dans ce long-métrage, le cinéaste a en effet directement puisé dans son histoire personnelle, et en particulier un épisode tragique et fondateur de sa vie d’homme et d’artiste : le décès accidentel de ses parents alors qu’il n’avait que 16 ans. Soit exactement ce qui arrive au petit Fabietto de La Main de Dieu, jeune napolitain et aspirant cinéaste qui doit faire face à un drame familial. 

Aux antipodes de Il Divo, La Grande Bellezza ou Youth, Sorrentino a donc décidé d’affronter son propre passé dans ce long-métrage. Une piste qu’il n’aurait jamais osé exploré sans le concours indirect d’un autre réalisateur, Alfonso Cuaron, dont le dernier film, Roma, lui aussi sorti sur Netflix, est basé sur les souvenirs d’enfance du metteur en scène mexicain. Une histoire qui a bouleversé Sorrentino et l’a convaincu de s’essayer au récit autobiographique, comme il nous le confie dans le numéro 524 de Première, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne

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"Faire un film signifie consacrer deux ans de ta vie à un projet. En vieillissant, tu prends conscience que le nombre de films qu’il te reste à faire est compté, que tu ne vas pas pouvoir en tourner encore cinquante", nous explique le réalisateur. "Tu commences donc à réfléchir très sérieusement aux histoires que tu souhaites raconter, aux sujets qui sont plus essentiels à tes yeux que les autres. Et, généralement, c’est là que tu réalises que le regard que tu as porté sur le monde quand tu étais jeune est peut-être ce qu’il y a eu de plus important dans ta vie. La famille, l’enfance, l’univers dans lequel tu as grandi. C’est probablement la raison pour laquelle, à un moment donné, les réalisateurs estiment que le moment est venu d’en parler."

"C’est grâce à Roma que j’ai trouvé le courage de faire La Main de Dieu !", poursuit Sorrentino. "J’ai compris qu’il était possible de faire un film très personnel sur sa jeunesse tout en étant absolument universel. J’ai pleuré sur l’histoire de cette femme mexicaine, très éloignée de moi, de mon histoire, de ma culture. Et ça m’a illuminé. Exactement comme j’avais été illuminé par The Queen de Stephen Frears, qui m’avait permis de comprendre qu’un film comme Il Divo était possible." 

Et pour les amateurs du cinéaste italien qui pourraient être frappés par l’absence de cynisme du film, Sorrentino s’en explique ainsi : "Je faisais face à celui que j’étais quand j’avais 17 ans, et je n’étais pas cynique à cet âge-là. Au contraire : j’étais plein d’espoir pour le futur." 

Propos recueillis par Frédéric Foubert

La Main de Dieu : le plus beau film de Paolo Sorrentino [critique]