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Première / Gérard Delorme
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De Laurent Lafitte à Léa Seydoux, de Café Society à Isabelle Huppert, retour sur des punchlines de compète.
A Cannes le spectacle est sur et en-dehors de l'écran. Dans les films sélectionnés, c'est normal. Mais le show est aussi dans les interviews et conférences de presse. Dans une ambiance surchauffée par le manque de sommeil et l'abus de caféine, on entend des punchlines de compétition, à la fois dans et autour des films. Best of.
 

"Ces dernières années, vous avez beaucoup tourné en Europe alors que vous n’êtes même pas condamné pour viol aux Etats-Unis"
-Laurent Laffite à Woody Allen lors de la cérémonie d'ouverture de Cannes 2016
C'était à la fois drôle, gênant et chaotique. Drôle parce que très agressif. Gênant parce que Laurent Lafitte avait l'air très mal à l'aise de balancer ce scud digne d'un Ricky Gervais (il a expliqué vouloir faire une référence à Roman Polanski) des grands jours au milieu du glam cannois, au réalisateur qui faisait l'ouverture avec le chicos Café Society. Chaotique parce que Lafitte joue un voisin propret dans Elle de Paul Verhoeven, qui parle de viol et de vengeance. En conférence de presse du film on a demandé à Paulot si la vanne de Laurent l'avait fait marrer. La modératrice de la conférence nous a direct recadré : "ça n'a rien à voir avec le film." Ah ?

"T’as du clitoris, j’aime bien"
-Jisca Kalvanda dans Divines de Houda Benyamina
Divines, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, est une vraie baffe. Scarface au féminin bourré de cinéma jusqu'à la gueule, avec un soundtrack où Vivaldi et Mozart se mixent avec du rap, des flammes au ralenti, du deal de came façon The Wire. Et où  Jisca Kalvanda joue Rebecca, caïd de cité aux phalanges tatouées LOVE et HATE, qui à la place de dire "T'as des couilles" préfère faire le gender swap jusqu'au bout de sa réplique qui claque à sa nouvelle recrue féminine. Donc, "t'as du clitoris", ce qui est anatomiquement correct.

"Moi, j'utilise la méthode Russell Crowe. Je n'ai jamais mis les pieds dans une école de théâtre, mon gars"
-Russell Crowe
Interrogé sur son rapport à la fameuse méthode Stanislavky quant à son jeu d'acteur, Russell Crowe, notre Kiwi favori, a fourni cette réponse éclairante. On s'y met tout de suite, en remarquant qu'on a plutôt retenu cette phrase que n'importe laquelle de The Nice Guys pourtant écrit et réalisé par Shane Black.
 

"Tout ce qui vaut le coup fait mal."
-The Neon Demon
La plupart des dialogues de The Neon Demon sont des aphorismes assez creux, sur la beauté, les apparences et tout le tralala, normal pour un film chic et choc sur la mode. On aimait bien la phrase "Je ne sais pas danser, je ne sais pas chanter, je ne sais pas écrire, mais je suis jolie" dite par Elle Fanning qui sonne presque comme la profession de foi du cinoche de Nicolas Winding Refn mais cette autre phrase est plus tranchante, comme la lame d'un katana.

"Je ne sais pas comment j'ai appris à jouer... On vient tous deux de l'école de la vie."
-Léa Seydoux dans un entretien croisé avec Xavier Dolan dans Madame Figaro
Léa, devant la caméra de Xavier pour Juste la fin du monde, est passée d'actrice star et glam (La Vie d'Adèle, 007 Spectre) à meme Internet. Une interview qui a enflammé le web français et "l'école (privée ?) de la vie" est devenu le running gag de la Croisette pour les raisons qu'on imagine.
 

"J'ai juste eu le temps de voir courir les types qui venaient de voler la banque qui m'a volé pendant des années."
-Comancheria
Le film le mieux écrit de Cannes 2016 était signé Taylor Sheridan, acteur de Sons of Anarchy et scénariste surdoué de Sicario. Présenté à Un certain regard, Comancheria est un western contemporain où deux frangins braquent des banques minables dans des bleds ravagés par la crise économique, où chaque personnage est ruiné à sa façon par une dette ou un emprunt à rembourser. On repensera souvent à cette phrase d'une perfection ciselée, entendue dans la bouche d'un témoin d'un braquage, quand on retournera au DAB.
 

"Lars Von Trier a voulu baiser ma femme"
-Nicolas Winding Refn
Vous voulez une bonne citation ? Demandez à Nicolas Winding Refn ce qu'il pense de Lars Von Trier, et ça ne loupe pas : NWR ne perd pas une occasion d'aligner LVT, l'autre grand Danois cannois, depuis ses propos sur Hitler à Cannes 2011. En conférence de presse de The Neon Demon, un Norvégien taquin n'a pas manqué l'occasion de lui demander où en était le fight et Refn de régaler l'assistance avec cette anecdote : "La dernière fois que j'ai vu Lars il a voulu baiser ma femme. Donc il a dû se trouver une autre salope." Et Nicolas sait même pourquoi Lars est comme ça : "Il a pris trop de drogues". Gimme danger !
 

"Je voulais éviter l'impérialisme culturel c'est pour ça que j'ai demandé à Hans Zimmer de composer de la musique africaine."
-Sean Penn, pendant la conférence de presse de The Last Face
Vendredi dernier le grand jeu était de parvenir à dire le maximum de mal de The Last Face de Sean Penn, mélo humanitaire raté en compète. Mais le véritable moment gênant était la conférence de presse du film où Sean, séparé de son ex Charlize Theron par Javier Bardem, est parvenu à enfoncer un nouveau clou dans son propre cercueil avec cette déclaration hallucinante. Qui résume bien l'ethnocentrisme et le racisme bien-pensant d'un film qu'on a surnommé à Première The Last Fail.

De Laurent Lafitte à Léa Seydoux, de Café Society à Isabelle Huppert, retour sur des punchlines de compète.

A Cannes le spectacle est sur et en-dehors de l'écran. Dans les films sélectionnés, c'est normal. Mais le show est aussi dans les interviews et conférences de presse. Dans une ambiance surchauffée par le manque de sommeil et l'abus de caféine, on entend des punchlines de compétition, à la fois dans et autour des films. Best of.