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Ca raconte quoi ? Tout est dans le titre : un home invasion à la française. Réalisé par François Ozon. Du coup, on est plus proche de Théorème que de La dernière maison sur la gauche. Un garçon de 16 ans s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe pour en faire le récit dans ses rédac. Son prof de lettre, usé et cynique, commence à se prendre au jeu, mais ces intrusions vont déclencher une série d'événements incontrôlables…C’est avec qui ? Luchini qui joue son « propre » rôle : celui d’un prof de lettre amoureux des mots - qui ira jusqu’à se faire assommer par un Pleiade de Céline. Sobre, tout en retenue, enfin dirigé, l’acteur confirme la puissance expressive de son jeu chimiquement pur. Face à lui, en sosie du Tadzio de Mort à Venise (on compte sur Ozon pour l’avoir fait exprès), Ernst Umhauer apporte ce qu’il faut de vénéneux et d’angélique au personnage pour déployer une ambiguïté et une perfidie captivantes. La terreur tranquille qu'il fait régner sur les autres décuple l’atmosphère trouble du film. Nominations : 6 : meilleur réalisateur, meilleur film, meilleur acteur, meilleur espoir masculin, meilleure musique, meilleure adaptation.Pourquoi fallait le voir ? Parce que toute la presse adore ? Et parce que Ozon revient à son cinéma du début. Après ses comédies vintage et colorées, l’enfant terrible semble vouloir revenir à son cinéma intimiste et destructeur influencé par Pasolini, Losey et Fassbinder. Dans la maison emprunte ce chemin : c’est le retour du cinéaste surdoué provoc et dérangeant, mais avec la maîtrise acquise au fil des années. Dans la maison ressemble à un croisement entre Sitcom (pour le jeu de massacre domestique) et Sous le sable (pour l’étrangeté laidback ou hors champ).Ca repart avec quoi ? Osons : rien. Bizarrement, Ozon n’a pas la côte au César. Et ce serait étonnant que Dans La maison y change quelque chose. Aucune chance qu’il apparaisse dans les catégories reines (déjà prises par les films d’Hanecke ou d’Audiard). Excellent, Luchini ne fais pas le poids face à Trintignant. Seul Ernst Umhauer peut encore espérer rafler une statuette dans la catégorie Meilleur espoir, mais Schoenaerts part favori…L'équation win des CésarSmoking/No Smoking ("théâtre filmé" d'Alain Resnais qui avait récolté cinq César, dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur acteur) x Dominik Moll (César du meilleur réalisateur pour Harry un ami qui vous veut du bien, film aux enjeux et à l'atmosphère, étrange et suffocante, assez similaires) + Malik Zidi (découvert dans Gouttes d'eau sur pierre brûlante, d'Ozon, et César du meilleur espoir pour Les Amitiés maléfiques) = un potentiel maximum de cinq César (meilleur film, meilleur réal, meilleur acteur, meilleur adaptation, meilleur espoir)Pierre Lunn