Les Trois prochains jours

Les Trois Prochains Jours est le genre de thriller victime de ses bonnes intentions qui, à force de vouloir en donner plus et mieux, finit par en donner trop. Il fonctionne comme un tour de magie trop ambitieux qui cherche à détourner notre attention de ce qu’on ne devrait pas voir mais nous incite à ne plus voir que ça. Dans le film original de Fred Cavayé, le sentiment inconditionnel éprouvé par le personnage principal pour sa femme était simplement affirmé dans le titre (Pour elle) et suffisait à justifier son obstination aveugle. Ici, on se demande sans arrêt pourquoi le personnage agit alors qu’on ne devrait pas. Lara est -elle innocente ? On ne nous le dit pas. Pour décrire le parcours de John Brennan, qui devrait être direct puisqu’il est motivé par une idée fixe, Paul Haggis ne distille que des fragments d’informations et nous guide sur un chemin tortueux. En route, il dispense un lot plus que généreux d’action et de suspense. Le problème, c’est qu’on a toujours le sentiment désagréable d’avoir un temps de retard sur le scénariste. On n’est pas avec le personnage, on
est derrière lui. Heureusement, Russell Crowe lui apporte un peu d’humanité physique et viscérale, alors que le script fait de lui un robot. Et, lorsqu’après une série de rebondissements hautement improbables, les réponses finissent par arriver, on comprend que pour nous faire traverser le salon, on nous a promenés dans toutes les pièces de la maison.

Très fidèle à l'original, il trouve, en Russel Crowe, un interprète majuscule pour incarner ce héros malgré lui avec autant de force fragile que son prédécesseur, Vincent Lindon. Action, suspense, émotion : dans tous les registres, ce thriller sentimental place le curseur au top. soit l'assurance d'un grand moment de cinéma.

(...) Les Trois prochains jours étant bien moins nerveux que le film originel. Les quelques scènes d'actions sont ralenties par des éléments anecdotiques, (...), le film parait long. Rectification, il est long de plus de deux heures auxquelles on aurait bien coupé vingt minutes. Les ajouts au scénario de Fred Cavayé et Guillaume Lemans sont futiles et pas toujours bien construits, c'est à se demander quel était l'intérêt de faire un remake de cette histoire. (...) Cela reste un bon produit, mais qui n'a que peu d'intérêt en comparaison avec Pour Elle.

(...) on se laisse happer par la tension qui monte et le temps qui s'accélère. Cependant, le scénario imparable qui use de toutes les ficelles du thriller finit par s'avérer plutôt... fatiguant.

Plus d'une demi-heure d'action bien menée a été ajoutée à la version américaine par le réalisateur de Collision et de Dans la vallée d'Elah, mais les admirateurs de l'original n'auront guère de surprises. Russell Crowe et Elizabeth Banks qui ont remplacé Vincent Lindon et Diane Kruger ne sont pas meilleurs que leurs homologues français.
A l'arrivée, le film est aussi efficace que son modèle, petit polar bien ficelé. De là à se demander où réside l'intérêt de sortir ce remake en France où Pour elle a rencontré un beau succès, il n'y a qu'un pas. Celui qui séparera certains spectateurs des cinémas.