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Biographie

Teinosuke Kinusaga est célèbre pour être le premier cinéaste d'avant-garde japonais. Il démarre sa carrière au cinéma dans les années dix comme acteur, cumulant les rôles d'oyama (acteur jouant des rôles féminins, tradition héritée du théâtre) dans des productions shimpa (nouvelle école du kabuki). Ce n'est qu'à partir de 1922 qu'il devient metteur en scène avec Two Little Birds, son premier film. Jusqu'à 1926, il réalise plus d'une trentaine de films qui ne laissent pas présager le trente-cinquième, une oeuvre marquante et décisive, sans précédent dans l'histoire du cinéma japonais. Ce film, Une page folle (1926), fortement influencé par l'expressionnisme allemand alors en vogue (Le dernier des hommes (1924) de F.W Murnau est pour Kinusaga le « film idéal »), est au cinéma japonais ce que sont les films de Dziga Vertov ouSerguei Eseinstein pour le cinéma russe. Comme Le cabinet du docteur Caligari (1920) de Rober Wiene, autre source d'inspiration, Une page folle se situe dans un asile psychiatrique. Kinusaga y démontre une inventivité visuelle inédite, il emploie un montage rapide, construit son film comme une mosaïque, bouleversant ainsi toutes les conventions en cours. Après ce premier film d'avant-garde et indépendant, il entame pour la Shochiku Carrefour (1928), une oeuvre plus commerciale s'évertuant à piller le style de la UFA (décors, ombres, fumées, espace à la Fritz Lang) et qui pour le coup, avec son rythme aussi plus dilué, contredit un peu les expérimentations d'Une page folle. Par la suite Kinusaga ne cessa de filmer les classiques du répertoire japonais, notamment Les quarante-sept Ronins (1932). On lui doit aussi La vengeance d'un acteur (1936), en trois parties, réadapté en 1963 par Kon Ichikawa. Pendant la guerre et jusqu'en 1966, il tourne presque un film par an. Kinusaga connaît enfin la consécration à l'étranger avec La porte de l'enfer (1954), palme d'or à Cannes. Un film que pourtant il n'est pas loin de renier tant il semble calibré pour l'occident.