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Alex Proyas est en colère contre les critiques de film en général et de Gods of Egypt en particulier.

Gods of Egypt vient de sortir aux Etats-Unis et ce n'est pas très jojo au box-office. Seulement 14 millions de dollars de recettes pour un budget estimé à 140 millions, c'est même le premier vrai bon gros flop de l'année 2016. Ce néo-péplum, qui réinvente la mythologie égyptienne avec de gros effets spéciaux numériques, s'est en plus fait laminer par la critique ("C'est le Terre Champ de bataille des films de fantasy", écrit par exemple Kyle Smith dans le New York Post). En fait, le film s'était fait aligner l'an dernier dès ses premiers posters qui montraient les dieux égyptiens joués par des Blancs comme Gerard Butler ou Nikolaj Coster-Waldau. Bref, Gods of Egypt se plante.

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Cet accueil a conduit son réalisateur Alex Proyas à publier une longue tribune sur son compte Facebook pour régler ses comptes avec la critique. "Rien ne confirme plus l'existence de la studipité que de lire les critiques de mes films. Souvent, à mon grand plaisir, un critique va parler de mes films d'avant en des termes élogieux, alors qu'ils avaient été défoncés à leur sortie, comme si ça servait à mettre en valeur ma soi-disante chute dans la médiocrité", écrit Alex. Il estime que les critiques "peuvent éviscérer mon film tout en se faisant passer une grosse couche de politiquement correct sur leur culs blancs en criant "whitewashing !!!" comme les crétins tarés qu'ils sont en majorité." Nous traduisons "deranged idiots" par "crétins tarés". Plus globalement, Proyas estime que les bons critiques ont tous disparu, et que les critiques à l'âge du tweet consistent à écrire des articles pour faire le buzz plutôt que de parler honnêtement du film. "Enfermez un critique avec un film que personne ne connaît et il ne saura pas qui écrire dessus", tranche Proyas, visiblement très énervé. "Aucun d'entre eux n'aura le courage de dire d'un film "hé bien, j'aime ça" si cela va contre le consensus." Proyas oublie ainsi les quelques critiques positives de Gods of Egypt qui reconnaissent le caractère grandiose et fou du projet, comme Amy Nicholson sur MTV ("le film est parfaitement lui-même -une œuvre bizarroïde mais cohérente") ou David Sims dans The Atlantic ("une ambition folle est à l'oeuvre ici"). Et il fait un peu oublier ses excuses publiques concernant le whitewashing des dieux egyptiens suite à la polémique, qu'Osiris lui pardonne :

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Dans un deuxième post Facebook, Proyas a mis de l'eau dans son ambroisie. "Les gens pensent que le suis en colère parce que mon film n'a pas eu de bonnes critiques. Mais voyez-vous je m'en fiche que les critiques soient positives ou négatives. Je ne les lis pas vraiment de toutes façons. Et oui je préfère en général l'opinion d'un fan plutôt que celle d'un critique", écrit Alex. "Ce qui m'énerve c'est le consensus critique -et comment il fait du mal aux films, universellement." Ce n'est pas si paradoxal : en gros, Alex a dû lire la page Rotten Tomatoes de Gods of Egypt, le site de recensement de reviews qui donne à son film la note royale de 12% de critiques positives. Et en tirer l'énervement qui s'impose. "Certaines critiques reflètent tellement bien l'avis de blogueurs très négatifs qui étaient parus avant la sortie du film. Vous savez pourquoi ? Les blogueurs modèlent l'opinion critique -on ne peut pas le nier- de plus en plus. Et les premières critiques professionnelles peuvent empoisonner la source à tel point que le public peut avoir peur d'y boire. J'ai vu ça arriver à beaucoup de films de mes amis ces dernières et particulièrement à beaucoup de films de fantasy originaux. Donc les studios vint probablement arrêter de faire des films de fantasy originaux à gros budget." Les mauvaises critiques sont donc responsables de l'échec du film et de la mort du genre. Argumentaire classique, qui dédouane la responsabilité du marketing du film et du film en lui-même. Et quid de la concurrence ? Aux Etats-Unis, Deadpool fait encore des chiffres très costauds et il est difficile pour un film qui vise le même public d'exister face à lui.

Gods of Egypt était né des cendres du précédent projet de Proyas, Paradise Lost, adaptation en full CGI du poème de John Milton sur la chute des anges rebelles menés par Lucifer. Le projet, trop cher et trop risqué, a été annulé par le studio Warner et Proyas a atterri chez Lionsgate pour faire Gods of Egypt, relecture version SF psychédélique du combat de Set et Osiris. Pour conclure, nous à Première on adore The Crow , on aime I Robot et on considère surtout Dark City comme un véritable chef-d'oeuvre. Nous n'avons pas encore vu Gods of Egypt, mais soyez sûrs qu'on l'attend de pied ferme. Pensez, le "Terre champ de bataille de la fantasy", porté par "une ambition folle" : nous, ça nous fait envie et soyez sûrs qu'on ne se laissera influencer par aucune autre critique. Le film sortira le 6 avril chez nous. Bande-annonce :