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La première chose ? On ne s'est (presque) pas ennuyé pendant la 41e cérémonie.

Toutes les émotions des César 2016 avec BNP Paribas

"Fatima !? Fatima !?" Sur le tapis rouge menant au Théâtre du Châtelet, ça commençait mal : les photographes tentaient de hêler Soria Zeroual dont ils n'avaient pas retenu le nom en l'appelant par le prénom de son personnage dans le film éponyme de Philippe Faucon, qui repart contre toute attente avec la récompense suprême : le César du meilleur film. Un prix rassembleur pour un film fédérateur et politiquement réconfortant - à l'inverse de Dheepan, le coup de poing dans la gueule magistral de Jacques Audiard, qui n'aura pas été salué une seule fois au cours de la 41e cérémonie des César.

Le palmarès complet des César 2016

C'est presque le seul oubli de cette édition 2016 qui, sur un ryhtme métronomique et d'une ponctualité miraculeuse (0h00, fin du discours de Philippe Faucon), aura fait défiler tous ceux qu'on attendait. Aura récompensé, surtout, les films aimables, pudiques, feel-good politiquement - et très girl-power : Mustang, le petit phénomène cannois sur la condition féminine en Turquie devenu candidat de la France aux Oscars dans 2 jours, repart avec 4 prix (meilleur montage, meilleur musique, meilleur scénario original et meilleur premier film) et Fatima, portrait délicat et profondément humain d'une femme de ménage maîtrisant à peine la langue mais élevant les futurs médecins français, en gagne 3, mais des plus prestigieux : meilleur espoir féminin pour Zita Hanrot, meilleur scénario adapté et... meilleur film.   

"Il y aura un avant et un après"

Pour le volet social, Vincent Lindon a logiquement eu son César après le prix d'interprétation cannois (qui prive le Théâtre du Châtelet du discours engagé et poignant, délivré sur la Croisette il y a 9 mois) pour avoir incarné (avec un naturel impressionnant) le chômeur galérien de La Loi du marché. Incontestable, mais quasi-automatique - et on a une pensée pour Antonythasan Jesuthasan, le Dheepan d'Audiard qui aurait bien mérité la distinction, aussi. Et La Tête haute, autre film cannois choisi par Thierry Frémaux comme étendard de l'édition 2015 post Charlie du Festival, ode rassurante aux institutions françaises qui protègent si bien la jeunesse. Avec ses deux prix d'interprétation amplement mérités, le film d'Emmanuelle Bercot remplit un double cahier des charges du cinéma français, d'encouragement de ses jeunes débutants (Rod Paradot, vraiment bouleversant) et de reconnaissance de ses acteurs mésestimés (Benoît Magimel). 

L'aspect économique et public n'aura pas été négligé non plus puisque le film de Xavier Giannoli et ses 1 1056 584 d'entrées auront été salués par 4 prix, dont le plus évident décerné (et dû de longue date) à Catherine Frot, l'actrice la plus populaire du cinéma français. Son numéro de chant bien huilé en guise d'introduction laissait penser qu'elle s'y était préparée. Presque aussi bien que Florence Foresti, clou de la soirée, qui a inspiré à Alain Terzian cette sentence définitive : "Il y aura un avant et un après". Largement au-dessus de tous ces prédecesseurs, la star des one-woman shows est parvenu à maintenir l'assemblée éveillée jusqu'à l'heure où les carosses redeviennent citrouilles. Ce qui est en soi un succès.