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Le mois de décembre s'annonce plus chaud que prévu grâce à Canal+ cinéma. La chaîne cryptée proposera en cette fin d'année 2014 lors d'une semaine spéciale Sexe et cinéma le documentaire inédit Et pour les scènes de cul, on fait comment ? ainsi que sept films inédits.

Nymphomaniac volume 1 de Lars von Trier (2014) Nymphomaniac est la folle et poétique histoire du parcours érotique d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.La critique de Première pour ce film sorti en 2014 : "Nymphomaniac est exactement ce qu’on pouvait craindre : une suite de séquences provoc se vautrant dans la chair triste et le sexe coupable entrecoupées de discours théoriques fumeux et d’analogies consternantes de premier degré (...). Le tout emballé dans un dispositif narratif de démonstration dont on ne sait toujours pas ce qu’elle vise après deux heures de film, et dont on se désintéresse bien avant."Le film est présenté hors compétition au Festival de Berlin et à la Mostra de Venise en 2014.Avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Stacy MartinL'inconnu du lac d’Alain Guiraudie (2013)  L'été. Un lieu de drague pour hommes, caché au bord d'un lac. Franck tombe amoureux de Michel. Un homme beau, puissant et mortellement dangereux. Franck le sait, mais il veut vivre cette passion.La critique de Première a été séduite par le film en 2013 : "Qui aurait cru qu’Alain Guiraudie, réalisateur de contes libertaires rigolards ancrés dans le Sud- Ouest de la France, allait traverser le Rhône pour tourner un thriller provençal sur le désir "fatal" ? Certes, L’Inconnu du lac est un conte, mais sérieux, en prise directe avec les peurs enfantines : la terreur du noir (l’extraordinaire travail sur la lumière, exclusivement naturelle, donne lieu à des crépuscules à vous brouiller la vue), celle d’être abandonné, la trouille d’un monstre dans le lac mais aussi celle d’un loup dans le bois. Le film nous replonge dans cet état d’enfance où l’excitation et l’angoisse se confondent pour ne plus former qu’une grosse boule, quelque part entre la gorge et le ventre. Petit à petit, à force de rituels (l’arrivée sur le parking, le parcours le long du sentier, l’installation dans la crique, la discussion avec Henri, le petit tour au coeur du bois), la mise en scène impose un climat anxiogène, renforcé par une véritable scénographie de la plage. Mais chez Guiraudie, on ne se donne pas "d’air". On peut être sérieux mais jamais grave. Un thriller donc, oui, mais drôle, au soleil et les couilles à l’air. Le cinéaste aveyronnais mélange mythologie et trivialité des corps nus qui glandent sur leur serviette. Michel, ce fantasme homo par excellence, serial killer potentiel, sort autant de la cuisse de Poséidon que de la moustache de Magnum. Ce qui est bien chez Guiraudie, c’est ça : il y a peut-être un monstre tapi quelque part mais, en attendant, on bronze et on jouit."Présenté dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes 2013, le film a reçu le Queer Palm et le Prix de la mise en scène pour Alain Guiraudie ; tandis qu'aux César l'année suivante, son acteur Pierre Deladonchamps a décroché le prix du meilleur espoir masculin.Avec Pierre Deladonchamps, Christophe Paou, Patrick d’Assumçao.Don Jon de Joseph Gordon-Levitt (2013) Jon Martello est un beau mec que ses amis ont surnommé Don Jon en raison de son talent à séduire une nouvelle fille chaque week-end. Mais pour lui, même les rencontres les plus excitantes ne valent pas les moments solitaires qu’il passe devant son ordinateur à regarder des films pornographiques. Barbara Sugarman est une jeune femme lumineuse, nourrie aux comédies romantiques hollywoodiennes, bien décidée à trouver son Prince Charmant. Leur rencontre est un choc, une explosion dans la vie de chacun. Bourrés d’illusions et d’idées reçues sur le sexe opposé, Jon et Barbara vont devoir laisser tomber leurs fantasmes s’ils veulent avoir une chance de vivre enfin une vraie relation.La critique de Première était mitigée au moment de noter ce film sorti fin 2013 : "On ne pourra pas reprocher à Joseph Gordon-Levitt d’avoir été frileux pour son passage derrière la caméra. Celui que l’on sait touche-à-tout n’hésite pas à se lancer dans une comédie sexuelle débridée sur l’influence du fantasme dans nos vies. Usant à plein régime des stéréotypes de la masculinité et de la féminité qu’il tend à dénoncer, ce long métrage laisse au départ un peu perplexe. Difficile de savoir si ce Shame façon MTV tient de l’art ou du cochon. Pourtant, à mesure que l’acteur sauve son personnage du démon qui l’habite, le film gagne en douceur et en élégance. Si le clivage final rejouant le énième dilemme entre la maman et la putain est un peu trop convenu et schématique, il y a dans ce film inclassable une véritable envie de cinéma et un sens assez réjouissant de la comédie pour adultes."Don Jon était sélectionné hors compétition au Festival de Berlin et de Sundance en 2013. Il figurait également dans la catégorie Special Presentations du Festival de Toronto la même année.Avec Joseph Gordon-Levitt, Scarlett Johansson, Julianne MooreLovelace de Rob Epstein et Jeffrey Friedman (2014) A la fin des années 60, Linda étouffe au sein de sa famille que sa mère, aussi rigide que ses principes religieux, dirige d’une main de fer. C’est une belle fille de 20 ans, prête à embrasser la vie avec enthousiasme malgré sa timidité et sa naïveté. Quand elle rencontre Chuck Traynor, elle ne résiste pas à son charisme viril, quitte le domicile familial pour l’épouser et fait auprès de lui l’apprentissage d’une liberté qu’elle soupçonnait à peine. Chuck la persuade de ses multiples talents et l’incite à se laisser filmer lors de leurs ébats. Amoureuse et soumise, elle accepte de jouer quelques scènes d’un film pornographique. Quelques mois plus tard, en juin 1972, la sortie sur les écrans de GORGE PROFONDE fait d’elle du jour au lendemain une star unique. Vivement encouragée par Chuck, Linda saisit à bras-le-corps sa nouvelle identité de reine de la liberté sexuelle.Adaptation du livre de Eric Danville, The Complete Linda Lovelace.La critique de ce film dans Première était très mauvaise lors de sa sortie au cinéma début 2014 : "Déjà responsables du soporifique Howl, Rob Epstein et Jeffrey Friedman s’attaquent cette fois au destin de Linda Lovelace, devenue (presque) malgré elle une icône du porno dans les années 70 à la suite du succès phénoménal de Gorge profonde, avant de se réinventer en militante féministe. Un parcours fascinant dont les réalisateurs ne retiennent que la relation toxique entre l’actrice et son mari, livrant un biopic à peine plus excitant qu’un exposé d’élève de cinquième. Au vu du casting, le résultat reste d’autant plus en travers de la gorge."Lovelace a été présenté hors compétition aux Festivals de Deauville et Sundance en 2013, ainsi qu'au Festival de Sydney la même année dans la catégorie Special Presentations at the State.Avec Amanda Seyfried, Peter Sarsgaard, Sharon StoneMes séances de lutte de Jacques Doillon (2013) Une jeune femme prétexte l’enterrement de son père pour retrouver un voisin plutôt charmant, et tenter de comprendre pourquoi elle a interrompu le rapport amoureux amorcé avec lui quelques mois plus tôt. Ils se retrouvent et rejouent la scène où sa dérobade a empêché leur histoire de commencer. Ils s’y essaient, se débattent, s’empoignent, tout en se rapprochant. Ils se frottent, se cognent l’un contre l’autre et s’amusent à dialoguer avec autant de fantaisie que de gravité, et à entrer dans une lutte de plus en plus physique. Ils vont finir par se lier l’un à l’autre au cours de séances quotidiennes qui ressemblent à un jeu. Par-delà leur joute verbale, cette confrontation devient une nécessité pour essayer de se trouver, un curieux rituel auquel ils ne peuvent échapper. Peu à peu, l’évidence qu’il faudra que quelque chose se libère entre eux pour que ces luttes soient enfin devenues une vraie lutte d’amour.Avis mitigé dans Première pour ce film sorti fin 2013 : "À la mort de son père, une jeune femme revient dans son village et retrouve un voisin avec qui elle aurait pu nouer une histoire d’amour. Débutent alors des face-à-face qui se muent en corps-à-corps de plus en plus violents. Doillon a un sujet de prédilection (le couple), qu’il décline de deux façons (comment il se fait ou se défait) et qui a produit des pépites comme La Vengeance d’une femme. Ici, malgré de belles fulgurances et l’engagement total des acteurs, l’exercice de style tourne un peu en rond."Avec Sara Forestier, James Thiérrée, Louise SzpindelDr. Kinsey de Bill Condon (2005) En 1948, aux Etats-Unis, Alfred Kinsey publie un rapport historique sur les habitudes sexuelles de ses compatriotes. Pour la première fois, le comportement sexuel humain fait l'objet d'une étude scientifique. En interviewant des milliers de personnes sur les aspects les plus intimes de leur vie, Kinsey leva le voile sur l'un des tabous de notre civilisation. Son travail déchaîna les passions et déclencha des polémiques qui font encore rage aujourd'hui. Kinsey, tour à tour encensé puis maudit, eut un destin à la mesure de son travail. Un voyage au coeur des mystères du comportement humain.Avec Liam Neeson, Laura Linney, Chris O’DonnellLa vie d'Adèle chapitres 1 et 2 d’Abdellatif Kechiche (2013) À 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...Librement inspiré du Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh.La critique du film dans Première est unanime : "Kechiche aime les mots et ses héros mettent souvent autant d’énergie à parler qu’à manger. Pourtant, dans La Vie d’Adèle, les mots ne sont plus que le bruit de fond d’une oeuvre physique, quasi sauvage, traversée par des émotions d’autant plus puissantes qu’elles sont souvent silencieuses. D’une histoire d’amour brûlante (et peu importe qu’elle soit homo ou hétéro) vécue avec l’intensité folle des premières fois. Une histoire d’amour surtout charnelle, mais pas seulement parce que les deux héroïnes baisent plus qu’elles ne parlent. Le choc est ailleurs. En collant l’objectif de sa caméra aux corps de ses actrices, le réalisateur de La Graine et le Mulet et de Vénus noire capte tout : la brûlure du désir ou du manque, le premier trouble, le moindre émoi... Tout ce qui secoue une passion jusque dans ses plus infimes soubresauts. La rencontre entre Adèle et Emma donne littéralement le vertige, leur première rupture tord les tripes, le manque est suffocant. Ce réalisme constamment bouleversant, Kechiche l’atteint grâce à une économie de mots déconcertante, à la sincérité de ses actrices (stupéfi antes) et à une intelligence inouïe de la mise en scène. Dans une séquence de retrouvailles paroxystique, l’image se resserre sur Adèle et Emma, et plus rien d’autre n’existe. Quand Emma s’en va, un simple plan large replace la vie autour d’Adèle, qui vient d’éprouver – et le spectateur avec elle – la force exclusive du sentiment amoureux, celle qui peut abolir le temps et le reste du monde. Le choc est là : au terme de ses trois heures qui montrent en gros plan l’amour et la naissance d’une femme, grandie par l’épreuve. La Vie d’Adèle, on l’a aussi vécue."La vie d'Adèle a reçu la Palme d'or pour Abdellatif Kechiche, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos au Festival de Cannes en 2013, ainsi que le Prix FIPRESCI pour Abdellatif Kechiche. Adèle Exarchopoulos a été sacrée meilleur espoir féminin aux César 2014, et meilleure actrice aux Globes de cristal 2014. Les Étoiles d'or du cinéma français 2014 lui ont décerné plusieurs prix : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur premier rôle féminin et meilleure révélation féminine pour Adèle Exarchopoulos, meilleure société de production pour Wild Bunch et meilleure société de distribution pour Wild Bunch Distribution. Outre Atlantique, de nombreux festivals l'ont sacré meilleur film étranger, à l'instar des New York et San Francisco Film Critics Circle Awards 2013, et des Independent Spirit Awards 2014.Avec Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Salim Kechiouche