La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck Au début des années 1980, en Allemagne de l'Est, l'auteur à succès Georges Dreyman et sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland, sont considérés comme faisant partie de l'élite des intellectuels de l'Etat communiste, même si, secrètement, ils n'adhèrent aux idées du parti. Le Ministère de la Culture commence à s'intéresser à Christa et dépêche un agent secret, nommé Wiesler, ayant pour mission de l'observer. Tandis qu'il progresse dans l'enquête, le couple d'intellectuels le fascine de plus en plus...Première séquence du film: inexpressif et méthodique, Wiesler mène avec succès l’interrogatoire d’un traître présumé. (…) Au contact de Dreymann, Wiesler se décrispe. Dans une scène poignante où il écoute l’auteur jouer du Beethoven, le salaud prend conscience de ce qu’il est: un être inculte et misérable. C’est un moment clé où la dimension humaniste du film éclipse son aspect clinique. (…) l’auteur privilégie l’objectivité au sentimentalisme. Un cinéaste à suivre.La vie des autres sera diffusée à 20h40 sur OCS CityStar Trek Into Darkness de J.J. Abrams Alors qu’il rentre à sa base, l’équipage de l’Enterprise doit faire face à des forces terroristes implacables au sein même de son organisation. L’ennemi a fait exploser la flotte et tout ce qu’elle représentait, plongeant notre monde dans le chaos… Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l’homme, pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive. Nos héros entrent dans un jeu d’échecs mortel. L’amour sera menacé, des amitiés seront brisées et des sacrifices devront être faits dans la seule famille qu’il reste à Kirk : son équipe.Et soudain, l’imprévu : un réacteur cale, l’identité d’un protagoniste se révèle fausse, un personnage se téléporte, une alarme ou une explosion se déclenchent... Tout l’intérêt de Star Trek Into Darkness réside dans ses ruptures scénaristiques. Dès qu’une scène s'éternise, une surprise vient relancer l’énorme machinerie des aventures de l’équipage de l’USS Enterprise. Ici, la nécessité du rythme l’emporte sur celle de la cohérence. Né en 1966, comme la série originale et ses expérimentations SF, J.J. Abrams préfère la magie du pulp space opera pur jus. Grand prêtre du recyclage, il pille la pop culture en émaillant son film de références (surtout à son maître Steven Spielberg), sans jamais les balancer avec mépris ou cynisme. Le but est au contraire de produire un cinéma populaire, un grand film à l’ancienne. De ce point de vue, Star Trek Into Darkness est une totale réussite : l’intro démente avec son volcan et ses indigènes (ainsi qu’une utilisation bluffante de la 3D), la scène quasi muette de l’attentat à Londres, l’attaque de San Francisco, l’arrivée chez les Klingons... Le film enchaîne les scènes d’action et les morceaux de bravoure avec une maîtrise qui prouve qu’Abrams a terminé sa mue, passant du statut de génie télévisuel à celui d’artisan néoclassique. On éprouve un plaisir rare et jouissif à le voir renouer avec l’efficacité perdue du blockbuster – les vaisseaux s’écrasent, l’espace se dilate, les lasers fusent. Flamboyant, l’ensemble retrouve, à l’instar du magnifique et sous-estimé John Carter, sorti l’an dernier, un sens de l’héroïsme et du serial que l’on croyait disparu.Star Trek Into Darkness, à suivre à 20h45 sur Ciné+ PremierMaps to the Stars de David Cronenberg À Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star ; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités ; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice. La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles : Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité. Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchaînement des pulsions et l’odeur du sang.Après l’escroquerie absolue Cosmopolis, Cronenberg revient avec une autre adaptation littéraire qui peut donner l’illusion d’un peu plus de substance puisqu’elle annonce une satire fielleuse d’Hollywood, comme une version contemporaine de Day of the locust. C’est probablement ce qu’avait en tête l’auteur du roman, avec cette histoire de famille pourrie, révélatrice de la dégénérescence du système : le père (John Cusack) a fait fortune comme guérisseur de stars, la mère (Olivia Williams) gère la carrière d’acteur du jeune fils déjà toxico (amusant Evan Bird), tandis que la fille aînée suicidaire (Mia Wasikovska) réapparaît pour faire sortir tous les cadavres puants du proverbial placard. Parallèlement, une actrice has been jouée en roue libre par Julianne Moore apporte une surcharge d’hystérie. En vieil universitaire qu’il est, Cronenberg a amplifié les parallèles avec les références mythologiques (ici les Atrides), et placé autant d’effets de signature que possible (meurtre de chien, sodomie avec Julianne…) pour donner l’impression qu’il est toujours en contrôle. Hélas, depuis Existenz, qui marque le début de son déclin, il a perdu le mojo qui faisait de lui un petit maître réellement singulier et inventif. Aujourd’hui, il n’est plus inspiré que par la vénération irréversible que lui vouent les doctrinaires qui le considèrent comme infaillible depuis qu’ils l’ont officiellement qualifié d’auteur.Maps to the Stars, à (re)découvrir à 22h30 sur Canal +