DR

La vidéo de la rencontre entre les deux mastodontes de la fiction est en ligne. 

Nous vous relayions l’autre jour les premiers échos de la rencontre au sommet entre Stephen King et George Martin. Et notamment la question qui tue posée par l’auteur de Game of Thrones (ou plus précisément de la saga A Song of Ice and Fire) à celui de Shining :

George R.R. Martin à Stephen King : "mais comment écris-tu aussi vite, bordel ?"

Chanceux que nous sommes, l’évènement a été filmé en intégralité, et la vidéo mise en ligne depuis. C’est un peu long pour qu’on vous la retranscrive en entier (désolé pour les non anglophones), aussi se concentrera-t-on sur les échanges les plus savoureux entre les deux écrivains, qui se connaissent depuis 40 ans et éprouvent un respect mutuel et une complicité assez touchants. 

Avant d’en venir à cette question, Stephen King avait en préambule raconté comment il était au départ très sceptique sur l’œuvre de Martin, avant de succomber à son charme : 

"Ce mec est génial, mais avant toute chose je dois dire que je n’avais jamais lu un livre de Game of Thrones jusqu’à il y a six ans. Je ne voulais pas essayer, parce que je n’avais pas réussi à lire les livres de Robert Jordan [auteur de la célèbre saga de La Roue du temps, NDLR]. Je me disais : ‘ça doit être nul’. Ma femme les avait lus, mais on parle de tout sauf de livres entre nous… 

Puis, un soir en Floride alors que nous dinions chez des amis, j’ai commencé à avoir une crampe à la jambe. Ca a empiré et en fait on m’a diagnostiqué une sciatique. Je n’arrivais pas à dormir la nuit à cause de la douleur et je me suis dit ‘allez je vais essayer un de ces putains de livre de George Martin ! On va voir ce que ça vaut’. Et ça m’a littéralement transporté - c’est ce qu’un livre est censé faire. Je n’avais pas réalisé à quels points ces livres pouvaient être des page turner (des livres qu’on dévore). Ces livres m’ont sauvé la vie mec, alors merci !"

Au cours de cet échange, Martin est également revenu sur leurs premières rencontres : "On se connait depuis très longtemps, depuis la fin des années 70, le début des années 80. A l’époque, on se croisait dans des conventions de science-fiction et de fantasy. On a joué au poker ensemble. Et j’ai appris qu’on ne pouvait pas bluffer Stephen sur un pot ! Il payait tous mes bluffs."

Mais, bien sûr, le meilleur moment est celui où King donne à Martin des conseils pour écrire plus vite (à partir de 50’08 dans la vidéo, en fin d'article) : 

"Voilà le truc. Ma façon de travailler, c’est que j’essaie de pondre six pages par jour. Quand je travaille sur un livre je travaille tous les jours, 3 à 4h par jour, et j’essaie de faire en sorte que ses six pages soient propres. Donc, par exemple, sur un roman comme End of Watch, qui fait 360 pages, ça représente deux mois de travail. C’est intense. Après, tout dépend des conditions dans lesquelles on écrit.

En guise de conclusion, Stephen King a enfin évoqué avec George Martin la pression qui repose sur eux (un gros clin d’œil à l’immense attente autour du prochain tome de Game of Thrones, "Winds of Winter") en racontant une anecdote sur l’auteur de Harry Potter, J.K. Rowling : 

"Nous sommes tous les deux des auteurs chanceux, nos livres sont devenus des best-seller, et nous avons beaucoup de pression des fans. Ils sont comme des bébés : ‘nous voulons le prochain livre, nous voulons le prochain livre'. Mais la pression qu’on a comparée à celle de J.K. Rowling quand elle devait finir le septième Harry Potter… A l'époque elle est venue à New-York pour participer à un évènement avec moi, elle avait presque terminé, et elle a accepté de le faire. Jo avait trois choses à faire en même temps : elle était en vacances avec ses enfants, elle devrait écrire les 5 ou 6 derniers chapitres, et elle devait participer à cet évènement. Elle s’est présentée au sound check, habillée très simplement, puis elle a été interrompue par son éditeur et elle est revenue très énervée. Et elle m’a dit : ‘ils ne comprennent pas ce qu’on fait’. Alors je lui ai répondu : ‘comment pourraient-ils comprendre, si nous nous ne le comprenons pas non plus ?’."