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Woody Allen : "Les Champs-Elysées sont devenus un crime contre la culture française"

Alors que son dernier film Magic in the Moonlight respire la fraîcheur, la bonne humeur et la légèreté, Woody Allen se décrit pourtant aujourd'hui dans une "zone dépressionnaire". Entre questions existentielles, réflexions autour de la mort et du but de la vie, et superficialité des plaisirs "provisoires", l'ami Woody semble au bout du roul' dans l'interview qu'il a accordée à nos confrères des Inrockuptibles à l’occasion de la sortie de sa nouvelle comédie avec Emma Stone et Colin Firth.Extraits.Réflexion autour de l'existence"Je ne crois en rien, si ce n’est ce qu’on voit et ce qu’on vit. On vient au monde, puis toute la vie n’est qu’une suite de hasards, d’accidents, de chances, d’événements aléatoires… La vie n’a aucun sens, l’univers n’a aucun sens, tout ça n’est qu’un vaste phénomène hors de notre contrôle, c’est tragique. On est sur cette terre pour un moment très bref, un jour, en une seconde, on meurt, c’est terminé."Chasse d'eau générationnelle"Les bons moments sont brefs et provisoires. Et surtout, ça ne s’ajoute pas, ça ne change rien à votre destinée finale et à la brièveté de la vie. Tous les quatre-vingts ans environ, on tire la chasse d’eau sur une génération et une nouvelle la remplace. Et cette nouvelle génération vit sa vie, tombe amoureuse, fait une carrière, tout semble important, les enfants, le couple, le boulot, et… flush ! La chasse d’eau terminale."Croyances et religions"Certains, dans la vraie vie, vont à l’église tous les dimanche matins, ils se disent “oui, il y a un Dieu”, Jésus, Allah, Bouddha, ou ce que vous voulez. Bon, si vous êtes capable de vous mentir ainsi à vous-même, allez-y, mais moi, je n’en suis pas capable. (..) Les uns croient au communisme, les autres en Dieu, les autres à la psychanalyse, mais à la fin, on termine tous dans une tombe."L’œuvre qui survit à l'artiste"Vous pouvez aller cracher sur la tombe de Shakespeare, je vous garantis qu’il ne s’en rendra pas compte, qu’il s’en fichera, que ça n’aura aucune signification pour lui. La postérité n’est en rien une compensation à mes yeux. Nous vivons grâce à notre processus de déni de la mort, c’est une situation tragique, nous n’avons pas d’autre choix que l’accepter."Woody et la France"Quand on regarde la France, on se dit voilà ce que l’homme a réussi de plus beau, de plus ambitieux, de plus élevé en matière d’art, d’architecture, de mode, de savoir-vivre… Et puis on voit ce que sont devenus les Champs-Elysées, et c’est à mes yeux un crime contre l’esprit et la culture français."Un Woody Allen en très grande forme donc, entre dépression et profonde introspection, pour une interview passionnante à découvrir en intégralité sur ce lien.L'histoire de Magic in the Moonlight : Le prestidigitateur chinois Wei Ling Soo est le plus célèbre magicien de son époque, mais rares sont ceux à savoir qu’il s’agit en réalité du nom de scène de Stanley Crawford : cet Anglais arrogant et grognon a une très haute estime de lui-même, mais ne supporte pas les soi-disant médiums qui prétendent prédire l’avenir. Se laissant convaincre par son fidèle ami Howard Burkan, Stanley se rend chez les Catledge qui possèdent une somptueuse propriété sur la Côte d’Azur : il y fait la connaissance de la mère, Grace, du fils, Brice, et de la fille, Caroline. Il se fait passer pour un homme d’affaires, du nom de Stanley Taplinger, dans le but de confondre la jeune et ravissante Sophie Baker qui séjourne chez les Catledge avec sa mère. En effet, Sophie a été invitée par Grace, convaincue que la jeune fille pourra lui permettre d’entrer en contact avec son défunt mari. Or, dès son arrivée dans la propriété, Brice est tombé fou amoureux d’elle. Dès qu’il rencontre Sophie, Stanley fait bien peu de cas de cette créature aussi frêle qu’insignifiante qu’il pense démasquer en un rien de temps. Autant dire qu’il se moque de la crédulité des Catledge ! Pourtant, à sa grande surprise, Sophie prouve qu’elle a des dons de télépathie et accomplit des exploits surnaturels qui dépassent l’entendement. Sans explication rationnelle, Stanley est mal à l’aise et stupéfait. Il ne tarde pas à confier à sa chère tante Vanessa qu’il commence à se demander si les pouvoirs de Sophie ne sont pas réels. Dans cette hypothèse, Stanley comprend qu’alors tout deviendrait possible, et que le monde serait plus heureux, mais que toutes ses certitudes en seraient ébranlées. Désormais, la magie – dans tous les sens du terme – va contaminer les personnages et bouleverser leur vie. Mais n’avons-nous pas tous, plus ou moins, envie d’y croire ?La bande-annonce de Magic in the Moonlight, actuellement en salles :