Brad Bird : "Je ne mets pas John Lasseter dans la même catégorie que Weinstein"

Ecarté de chez Disney-Pixar pour harcèlement sexuel, le producteur garde le soutien du réalisateur des Indestructibles.

The Daily Beast a obtenu un long entretien avec Brad Bird, au moment où son film d'animation Les Indestructibles 2 vient d'être annoncé en lice pour les prochains Oscars. Le réalisateur revient sur cette suite événement, sortie 14 ans après son aîné, et il parle aussi de Pixar en général. Difficile alors d'éviter le sujet de John Lasseter, le créateur de Toy Story devenu le patron créatif du studio, ainsi que de Disney animation, qui a été licencié récemment suite à plusieurs accusations de harcèlement sexuel de la part de ses employées. Celui-ci s'est excusé, a pris plusieurs mois de congés sabbatiques pour suivre une thérapie et il vient d'être annoncé qu'il allait à présent superviser les productions animées de Skydance, maintenant qu'il n'officie plus chez Pixar.

Interrogé à son sujet, Brad Bird considère que son cas n'est pas si simple à juger. "On vit à une époque qui n'aime pas les nuances. Vous devez être à 100 % pour quelque chose ou contre quelque chose. Alors que c'est plus compliqué que ça." Il explique alors conserver du respect pour John Lasseter, qui lui a permis de réaliser Les Indestructibles chez Pixar alors que le reste des producteurs ne croyaient pas du tout en lui, suite au flop du Géant de fer au box-office. "John s'est véritablement jeté entre un exécutif influent et nous et il a imposé que j'obtienne plus de temps pour développer mon projet. Une fois que les concept arts étaient finis, ce mec était parti, et les dessins parlaient d'eux-mêmes, le film était sauvé, mais John s'est vraiment battu pour que ça arrive, d'une manière qu'on voit peu à Hollywood. Je ne le mets pas dans la même catégorie que (Harvey) Weinstein (producteur accusé d'agressions sexuelles et viols par plusieurs femmes, notamment des comédiennes, ndlr). On vit dans un monde où les hommes ont agi d'une certaine manière pendant des milliers d'années. Tout à coup, et c'est tard, d'ailleurs, on nous demande de tout changer. C'est nécessaire, c'est la bonne chose à faire. Mais on se retrouve dans une sorte de zone grise. Et ce n'est pas si facile de couper les ponts avec certaines personnes. Je suis un vieil ami de John, je ne le vois pas tout noir ou tout blanc. Il était là, et très protecteur, au moment où on en avait le plus besoin. Mes sentiments à son égard sont donc plus compliqués que ça."