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Bien calibrer les trailers
On en est encore qu’au début de la promo de Suicide Squad (le film sort dans plus de 6 mois) alors que Batman V Superman entre dans sa phase intensive. Pourtant, malgré 3 bandes annonces assez longues, l'excitation autour de L'Aube de la Justice est loin d’être aussi forte et la dernière vidéo, qui livre des pans entiers de l'histoire, laisse craindre que toutes les cartes soient jouées juste pour avoir un trailer spectaculaire. Certes, le statut d'outsider de Suicide Squad permet de plus grandes libertés. Le nombre de personnages aussi. Pour l'instant l’intrigue, dont on connaît que les grandes lignes, garde sa part de mystère. Les vidéos reposent avant tout sur une ambiance, entre noirceur et saillies hautes en couleur, et la confrontation entre les différents personnages. On ne sait pas contre qui ou quoi se dresse le Squad, on ne connaît pas le déroulement chronologique de l'histoire (le Joker est-il présent seulement dans des flashbacks avant sa réapparition, l'intrigue prend-elle place avant, pendant ou après L'Aube de la Justice ?), même Batman n'est pas mis en avant et on ne peut que spéculer sur ces héros pas comme les autres... Forcément, la tension monte.

Faire taire les réserves initiales
Il faut se rappeler que le film partait avec plusieurs balles dans le pied. Nombreux étaient les sceptiques qui ne croyaient pas au projet d'un film sur un groupe de super-méchants alors que les super-héros viendront à peine d'être présentés, certains via un simple cameo. Le look d'Harley (Margot Robbie) était jugé trop éloigné du modèle d'origine, et il y avait le problème du nouveau Joker. La tendance commence à s’inverser. L'intégralité des apparitions d'Harley suscite l'enthousiasme, et Jared Leto a su lentement mais sûrement imposer le nouveau look du prince du crime.

Elever les attentes
L'intrigue se dévoile à peine mais le film fait déjà quelques promesses :
- une explication détaillée des origines d'Harley Quinn, ce qui est assez excitant notamment si on met en parallèle la scène des électrochocs et celle du baptême dans la cuve de produits chimiques avec le Joker, plutôt classe
- une menace apparemment très surnaturelle si on se réfère au monstre du métro (Swamp Thing ?), aux rayons et aux hommes de mains au look assez spécial que combattent Deadshot et Boomerang ; le groupe semble être aidé par des paramilitaires et on a des scènes de guérilla
- des relations troubles entre les personnages, avec le jeu de séduction de l'Enchanteresse (Cara Delevingne) sur Rick Flag (Joel Kinnaman)
- un Deadshot qui subit une détention difficile, entre pleurs et rébellion (un rapport avec sa fille ? Wait & see)
- le Joker qui reste un élément extérieur au groupe et toujours incontrôlable, mais avec un goût unique pour les masques de ses hommes de main (une chèvre, un œil géant, un panda, un masque de Batman qui rappelle la série animée, etc).

Elargir l'univers
Qui dit groupe de méchants dit références à ceux qui les ont arrêtés. Presque chaque personnage de Suicide Squad correspond au bestiaire d'un super-héros différent (Batman pour Croc et Harley, Flash pour Captain Boomerang, etc). Les pouvoirs ont des sources multiples - l'Enchanteresse et Katana, qui relèvent de la magie et/ou du mysticisme, ou Diablo et Croc qui sont des « méta-humains » -, jusqu’ici chez DC on se contentait de Krypton et des pouvoirs extraterrestres de Superman. Et la diversité des personnages multiplie les possibilités dans l'univers partagé, et donc les promesses.

Bien utiliser ses acteurs
Même Jai Courtney, et c'est un petit miracle. Après avoir été un tueur froid acceptable dans Jack Reacher, l'acteur avait systématiquement déçu en tant que héros de franchise : McClane junior dans Die Hard 5 et Kyle Reese dans Terminator Genisys. Ici, il peut assumer son accent australien naturel car il partage cette origine avec Captain Boomerang, son personnage, un méchant de seconde zone (il... lance des boomerangs), poltron, beauf et teigneux. Ses jérémiades lorsqu'il est emprisonné, sa réaction épidermique quand il sort de son sac et surtout la séquence où il se cache derrière une voiture pour boire une bière alors que tout indique qu'on est en pleine action, tout indique que le personnage a été bien cerné, et son acteur bien casté.
 

S'inspirer de la concurrence
Les membres du Suicide Squad ne sont pas des super-héros, comme l'explicite sans équivoque le slogan « worst heroes ever ». Ils « sauvent le monde » parce qu'ils n'ont pas le choix, ils ne sont pas animés de bonnes intentions, n'ont aucune morale et agissent avant tout par intérêt personnel, ce qui donne un groupe assez drôle à voir en action. Leurs méthodes sont expéditives et tous les membres sont évidemment censés être badass et sans scrupules. Et ils sont globalement inconnus du grand public. Tout comme la vidéo du Comic Con qui était montée sur une reprise du "I started a joke" des Bee Gees, le dernier trailer est (incroyablement bien) rythmé par un tube rétro, "Bohemian Rhapsody" de Queen.
Vous l'aurez compris, de là à considérer Suicide Squad comme l'équivalent Warner/DC des Gardiens de la galaxie de Marvel Studios, il n'y a qu'un pas. Mais ce serait aller un peu vite en besogne.

Faire preuve d'arrogance
Pour reprendre les mots du réalisateur, le Suicide Squad c'est Les 12 Salopards version comics. Une référence qui fait sens : de Fury à Sabotage en passant par Bad Times, David Ayer a une attirance pour les équipes violentes et déterminées, qui se lancent dans des quêtes risquées quitte à ce que personne n'en réchappe. Les éléments promo épousent jusqu’ici le côté kamikaze des comics - pour parler clairement, il va y avoir des morts.
Il ne faut pas oublier que Suicide Squad, ce ne sont pas des anti-héros mais bel et bien de vrais méchants : Croc (Adewale Akinnuoye-Agbaje) est dépeint comme un cannibale et l'ensemble du groupe comme des meurtriers ; Slipknot (Adam Beach) frappe une femme, Harley Queen est folle furieuse, l'Enchanteresse est possédée par l'esprit d'une sorcière et on l'aperçoit le temps d'une scène dans une pièce de la Maison Blanche, l'épée magique de Katana absorbant les âmes de ses victimes... « Je ne veux pas me lancer dans un clash façon East Coast/West Coast avec Marvel, mais entre nous, les meilleurs méchants, vous savez où on les trouve » s’était vanté David Ayer au Comic Con.

Etre en rupture
Un des atouts majeurs de cette promo est d’insister sur la différence avec les autres adaptations de comics. Ceux de Marvel Studios dans un premier temps : l'écurie Avengers a systématiquement esquivé toute forme de noirceur, même quand l'histoire s'y prêtait, pour rester dans le cadre rassurant de la comédie d'action entre potes, quitte à lasser. Suicide Squad a dans son ADN ce qui reste le maître-étalon pour Warner, à savoir un univers sombre « à la Nolan ». Parti pris esthétique, artistique mais surtout preuve de prudence : c'est cette recette qui leur a permis de battre des records avec Dark Knight.
Pour autant, Suicide Squad prend également le contrepied des projets DC précédents, qui restaient classiques dans leurs choix de saga grand public (Batman, Superman, Green Lantern...). Là, on est réellement face à des personnages immoraux qui sont les opposés des justiciers de l'âge d'or des comics. Et ça fait du bien.

Bosser l'esthétique
C’était jusqu’ici le gros point faible de l’orchestration promo : les photos de l'équipe avec acteurs qui prennent la pose étaient systématiquement ratées voire embarrassantes, évoquant des fans étranges en cosplay bon marché. Mais les récents affiches et visuels minimalistes, très travaillés, montrent que le tir est rectifié.

C’était les outsiders, les vilains petits cousins de DC Comics. Grâce à eux pourtant, l’écurie concurrente de Marvel est en passe de reprendre le lead.

Il y a quelques jours, Warner dévoilait une featurette sur Batman V Superman dans laquelle se glissaient, sans prévenir et sans raison apparente, des extraits de Suicide Squad et un commentaire de David Ayer. Dans le même temps, des images inédites de Wonder Woman étaient dévoilées mais pourtant pas utilisées dans cette vidéo. Un signe fort du potentiel grandissant des anti-héros du Squad encore largement inconnus pourtant, qui ont pris peu à peu le lead dans cette offensive massive de DC Comics et réussissent ce que Batman et Superman réunis n’ont pas encore accompli : reprendre un peu de terrain et de coolitude à Marvel dans l’univers super-héroïque. Comment ?

Petite analyse après explosion de cette petite bombe de trailer :