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La BBC nous apprend le décès de Richard Attenborough à l'âge de 90 ans, dimanche 24 août. Dans l'imaginaire collectif, il aura éternellement les traits du milliardaire John Hammond, fondateur du parc d'attractions Jurassic Park dans le film de Steven Spielberg. Evidemment, il n'était pas que ça. Il était bien plus. Un monument du cinéma anglais.Né en 1923 à Cambridge dans une famille aisée, il fait ses armes de réalisateur au sens propre au sein de la Royal Air Force pendant la Seconde guerre mondiale : ayant le grade de sergent au sein de la Film Unit, il embarque dans des bombardiers au-dessus de l'Allemagne pour filmer les missions de bombardements alliées. C'est également dans l'Angleterre en guerre des années 40 qu'il commence sa carrière d'acteur au théâtre et au cinéma. Il obtient son premier (petit) rôle au cinéma en 1942 dans le film de propagande Ceux qui servent en mer réalisé par Noel Coward et David Lean. C'est en 1947 que sa carrière explose, avec le premier rôle (qu'il avait créé au théâtre) du Gang des tueurs (Brighton Rock) : celui de Pinkie Brown, un petit truand violent et suicidaire. Enorme succès. Richard est lancé.En 1963, il fait partie de La Grande évasion où il joue un officier de la RAF, il fait face à James Stewart en 1965 dans Le Vol du Phénix, et obtient deux années de suite le Golden Globe du Meilleur second rôle masculin : en 1967 pour son rôle de machiniste dans La Canonnière du Yang-Tsé (où il retrouve Steve McQueen) et en 1968 pour avoir joué un propriétaire de cirque dans L'Extravagant Docteur Dolittle. En 1979, il joue dans La Guerre des otages d'Otto Preminger qui sera son dernier rôle avant Jurassic Park en 1993. Où il accepte de sortir de sa retraite d'acteur pour Spielberg, jouant le milliardaire excentrique tout de blanc vêtu et s'appuyant sur une canne dont le pommeau est un morceau d'ambre détenant un insecte (le frère de Richard, David, est naturaliste et possède sa propre collection d'insectes). Lors du tournage, un ouragan menace les installations. L'équipe se réfugie dans le salle de réception de l'hôtel et seul Richard, très calme, dort tranquillement dans sa chambre. "J'ai bien survécu au Blitz !", rigolait-il. Il reprendra son rôle dans la suite Le Monde perdu, mais sa santé l'a empêché de jouer même un petit caméo dans le futur Jurassic World de 2015.Il produit quelques films dans les années 50, et réalise son premier long en 1969, Ah Dieu ! Que la guerre est jolie, une comédie musicale sur la Première guerre mondiale dotée d'un casting hallucinant, tout ce que le Royaume-Uni compte d'acteurs ou presque : Laurence Olivier, Dirk Bogarde, Vanessa Redgrave, Maggie Smith, Ian Holm, Edward Fox... En tant que réalisateur, il se spécialise dans les films historiques de luxe : Les Griffes du lion sur la jeunesse de Churchill, puis le film de guerre à très grand spectacle Un pont trop loin (avec quelques acteurs : Michael Caine, Sean Connery, Robert Redford, Ryan O'Neal, Gene Hackman, Anthony Hopkins...). En 1982, il atteint le sommet avec Gandhi avec Ben Kingsley dans le rôle-titre. Le film remportera huit Oscars, dont celui de Meilleur réalisateur pour Richard. En 1992, il dirige Robert Downey Jr. dans le biopic Chaplin qui est a contrario un gros échec. Son dernier film date de 2007 : un drame historique passé inaperçu et sorti en France en DTV sous le nom War & Destiny, dont le titre original Closing the Ring reprend celui de l'avant-dernier volume des mémoires de Churchill. Tout un symbole : couronné d'honneurs et de prix (il a été fait chevalier puis baron), Richard Attenborough était un peu l'un des derniers dinosaures -au sens noble et impressionnant du terme- du cinéma anglais.