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Présenté au festival de Cannes 2011 en compétition officielle, La Peau que j'habite de Pedro Almodovar sonne fauxQuelle déception ! Adapté d’un roman de Thierry Jonquet (Mygale), La Peau que j’habite avait un sujet en or : une revenge story (un chirurgien veut la peau du garçon qui a violé sa fille) flirtant avec le fantastique et l’horreur et brassant des thèmes très ambitieux (l'idée du corps comme prison, de la transformation sexuelle comme punition qui nourrirait en même temps le désir...). Le pitch rappelle quelques grands classiques de l'Eurotrash seventies, Frankenstein (la création d’un monstre à son image) ou le séminal Les Yeux sans visage. Le problème c’est que Pedro Almodovar met en scène ce sujet extraordinaire avec ses obsessions 80’s et l’attitude nonchalante qui définissait ses films de la Movida (on pense beaucoup à En Chair et en os). Conséquence : ce thriller fantastique shooté comme un soap bariolé frappe par son inconsistance. Refus très net de traiter le sujet, scénario décousu qui sacrifie les personnages et frivolité de la mise en scène ruinent constamment le film. Contrairement à ce qu’il avait réussi dans son meilleur long (Parle avec elle où le mélo baignait dans une imagerie fantastique hallucinante), ici Almodovar rate la fusion des influences et des genres. Ce matin, la salle riait un peu pendant la projection. Pas de gêne. Pas non plus pour masquer son effroi. Simplement parce que La Peau que j'habite sonne faux.Gaël Golhen