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PHOTOS : Bruce Willis, héros tragique

Boire et déboires (1987) de Blake Edwards : L’homme d’affaires dépassé

Pour son premier rôle d?envergure au cinéma, <strong>Bruce Willis</strong> est propulsé dans un ouragan burlesque. En quête d'une accompagnatrice pour un important dîner d?affaires, le personnage de Walter invite donc une charmante inconnue (<strong>Kim Basinger</strong>) dont les gestes deviennent incontrôlables dès qu?elle boit de l?alcool. Suite à un verre malencontreusement ingurgité par la jeune femme, les catastrophes vont s?enchaîner à un rythme effréné, au point que Walter finira à son tour par péter les plombs. Avant même de goûter au cinéma d?action, <strong>Bruce Willis</strong> se voyait déjà confier une délicate mission de sauvetage, consistant ici à empêcher une soirée de virer au chaos. Derrière son efficacité comique, Boire et déboires laisse ainsi entrevoir la part de malaise que porte en elle l?Amérique des cols blancs.

Piège de cristal (1988) de John McTiernan : Le héros accidentel

Policier venu rejoindre sa femme pour Noël dans l?espoir de sauver son couple, John McClane se retrouve prisonnier d?un building envahi par un commando. Représentant le dernier rempart contre les agissements criminels de la bande, John devra offrir ses larmes et son sang pour régler une situation que les autorités s?avèrent incapables de régler. Conscient de sa solitude et de l?absurde responsabilité qui pèse sur ses épaules, McClane manie du coup parfaitement l?ironie, marque de la noble énergie du désespoir qui l'habite. Bruce Willis s'avère tellement à l?aise dans la peau de ce héros désabusé que <em>Piège de Cristal</em> ouvre la voie à une longue saga (Die Hard 5 sortira en février 2013).

Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino : L’héritier d'un lourd passé

Boxeur en fin de carrière, Butch Coolidge reste animé par le souvenir du jour où la montre de son père, mort au Vietnam, lui a été remise par le capitaine Koons (<strong>Christopher Walken</strong>). Dépositaire des souffrances endurées par ses aînés lors du conflit vietnamien, Butch est pris d?un élan de fierté qui lui fait remporter son dernier combat, que le caïd Marsellus Wallace lui avait pourtant demandé de perdre. Tenant coûte que coûte à cette montre paternelle qui lui permet d'occuper une place dans l?Histoire, le boxeur affrontera l'adversité jusque dans les sous-sols d?une lugubre boutique de prêteur sur gages, véritable incarnation de l?enfer sur terre. Au bout d?un chemin semé de cadavres, Butch reçoit la bénédiction de Marsellus Wallace et peut enfin quitter la ville.

L’Armée des 12 singes (1996) de Terry Gilliam : Le cobaye à l’amour impossible

An 2035 : le prisonnier James Cole est envoyé dans le passé afin de recueillir des informations sur le virus qui a exterminé l'immense majorité de la population mondiale. D?abord expédié par erreur en 1990 et pris pour un fou, Cole rencontre la psychiatre Kathryn Railly (Madeleine Stowe), qu?il finira par convaincre de la réalité du virus à venir. Le couple James/Kathryn va ainsi tenter d?inverser le cours du destin planétaire, tout en essayant de s'aimer au-delà des époques. Film sur l?impossible concordance des temporalités, L?Armée des 12 singes dévoile un Bruce Willis qui se heurte sans cesse à l?incompréhension du monde qui l'entoure. Vouée à l?échec, son histoire d?amour (que <strong>Terry Gilliam</strong> compare le temps d?une séquence à celle de Sueurs froides) prend fin dans un aéroport, lieu maudit où James est condamné à regarder en boucle le spectacle de sa propre mort.

Sixième Sens (1999) de M. Night Shyamalan : Le sauveur fantomatique

Psychiatre pour enfants, Malcom Crowe - qui connaît des problèmes relationnels avec son épouse - vient en aide à Cole, un jeune garçon possédant la faculté de voir des personnes décédées. S?investissant à corps perdu dans l?écoute de son patient, Malcolm réussit finalement à lui faire utiliser son don de manière positive. Mais la joie est de courte durée pour Malcolm, qui découvre contre toute attente qu?il est lui-même décédé depuis plusieurs années et qu?il ne constitue qu?une vision de Cole parmi les autres. Révélant la science du récit de Shyamalan, la narration de Sixième Sens adopte la forme de la tragédie, le personnage principal découvrant tardivement son impuissance à lutter contre la fatalité de sa condition.

Sin City (2005) de Robert Rodriguez : Le vétéran sacrifié

Dans cette adaptation du comics de Frank Miller, Bruce Willis incarne John Hartigan, un des rares policiers honnêtes de Sin City. Afin de sauver Nancy Callahan des mains de Roark Jr., un dangereux pédophile fils de sénateur, John choisira de se sacrifier à plusieurs reprises. Il purge d?abord plusieurs années de prison pour un viol qu?il n?a pas commis, avant de se résoudre à tuer Roark Jr., devenu entre-temps le Yellow Bastard. Malgré la promesse qu'il fait à une Nancy amoureuse de lui, John Hartigan décide de se suicider pour éviter que la jeune fille ne soit éternellement pourchassée par le sénateur Roark. Dans la plus pure tradition tragique, Hartigan met des mots sur son sacrifice : <em>« Elle sera toujours en danger tant que je serai en vie »</em>, confie-t-il en voix-off. Le policier accepte ainsi avec résignation le cycle naturel de l'existence : <em>« Un vieil homme meurt, une jeune femme vit. »</em> 

Clones (2009) de Jonathan Mostow : Le corps rejeté

Dans une société où la majorité des individus ont à leur disposition une version robotisée et physiquement améliorée d'eux-mêmes, les citoyens ne sortent quasiment plus de chez eux, préférant piloter à distance leurs avatars. Le détective Tom Greer vit quant à lui difficilement cette situation, notamment dans l?intimité de son foyer où son épouse (<strong>Rosamund Pike</strong>), minée par la mort de leur fils, refuse de communiquer autrement qu'à travers son clone. Mais après la destruction accidentelle du robot de Tom (version artificiellement rajeunie, chevelue et peroxydée du Bruce Willis des années 2000), le personnage confronte pleinement son organisme réel - vieillissant et imparfait - au monde extérieur. Authentique interrogation sur le rapport à la chair, Clones se demande si un héros d?action à l?ancienne peut survivre dans une époque où le tout-technologique engendre le triomphe de l?illusion. L'opposition entre les deux corps de Bruce Willis (le faux et le vrai) apparaît alors comme le sujet central du film.

Looper (2012) de Rian Johnson : L’envoyé du futur à la vie brisée

Tueur jeté dans le passé afin d'être exécuté, le vieux Joe échappe à l?assassinat que son moi du passé (Joseph Gordon-Levitt) s?apprêtait à commettre. Echouant à convaincre le Joe trentenaire de s'enfuir par le premier train, le Joe sexagénaire (incarné par Bruce Willis) se lance alors dans une course contre le temps. Contrairement au voyage temporel narré par <em>L?Armée des 12 singes</em>, le projet du personnage de Bruce Willis semble ici rigoureusement individuel car il consiste à tuer l'homme que le vieux Joe tient pour responsable de son malheur. Mais notre antihéros mesure surtout au contact de son moi passé toute l'amertume induite par le défilement du temps : une remarquable séquence expose ainsi en une poignée d?instants les 30 dernières années vécues par Joe, dominées par un vif sentiment de perte et de mélancolie. La tragédie du personnage se trouve ici liée à l'excès d'informations qu'il possède sur le futur (et donc à son incapacité à habiter sereinement le présent), autant qu'aux caprices d?un destin qui l?a brutalement privé de la femme qu'il aimait. Le meurtre constitue alors pour Joe la seule alternative au malheur, selon l?implacable logique des boucles temporelles. <strong>Par Damien Leblanc</strong> <strong>Voir aussi</strong> <em>Looper</em> : on a confronté Rian Johnson à son futur lui

Bruce Willis, héros tragique

Dans Looper de <strong>Rian Johnson</strong>, <strong>Bruce Willis</strong> interprète un rôle aux implications particulièrement tragiques : envoyé dans le passé afin d?être exécuté, Joe se retrouve face à l'homme qu?il était 30 ans auparavant (<strong>Joseph Gordon-Levitt</strong>) et mesure les effets de son propre vieillissement, tout en opérant une course contre le temps. Le corps même du comédien Bruce Willis devient alors un des réceptacles de la tragédie à l??uvre.Réputé pour ses personnages de sauveurs grimaçants sous le poids de la fatalité, <strong>Bruce Willis</strong> a su décliner au cours de sa filmographie différentes figures de la tragédie au point que la seule présence de l'acteur contribue désormais à teinter un film d?angoisse et de désolation. Retour en 8 rôles sur l?essence tragique qui colle à la peau de <strong>Bruce Willis</strong>. <strong>Par Damien Leblanc</strong>

Dans Looper de Rian Johnson, Bruce Willis interprète un rôle aux implications particulièrement tragiques : envoyé dans le passé afin d’être exécuté, Joe se retrouve face à l'homme qu’il était 30 ans auparavant (Joseph Gordon-Levitt) et mesure les effets de son propre vieillissement, tout en opérant une course contre le temps. Le corps même du comédien Bruce Willis devient alors un des réceptacles de la tragédie à l’œuvre.Réputé pour ses personnages de sauveurs grimaçants sous le poids de la fatalité, Bruce Willis a su décliner dans sa filmographie différentes figures de la tragédie au point que la seule présence de l'acteur contribue désormais à teinter un film d’angoisse et de désolation. Retour en 8 rôles sur l’essence tragique qui colle à la peau de Bruce Willis.Par Damien Leblanc