108 ans après, le premier film Frankenstein a été restauré
Edison Manufacturing Company/Restauration de la Library of Congress

Ce film muet de 1910 est visible sur le site de la Librairie du Congrès.

En 1818, Mary Shelley publiait Frankenstein, une œuvre qui n’a cessé depuis d’inspirer les cinéastes : de la version de 1931 avec Boris Karloff, à celles portées par Bela Lugosi (années 1940), Peter Cushing (durant la décennie suivante), Gene Wilder (dans la comédie délirante de Mel Brooks, Frankenstein Jr., en 1974) ou Robert De Niro (chez Kenneth Branagh en 1994), on ne compte plus les adaptations plus ou moins libres de ce conte du "Prométhée moderne". Deux cent ans après la parution du livre, cette histoire mélangeant recherches scientifiques et quête d’immortalité fascine toujours autant le public ! En 2014, la Librairie du Congrès américaine, chargée de conserver les classiques du 7e art et de restaurer ceux qui ont été abîmés par le temps, a acquis le tout premier Frankenstein, un film de 15 minutes produit par l’Edison Manufacturing Company, qu’elle a depuis réussi à restaurer.

Frankenstein : LE monstre du cinéma

En présentant la vidéo, l’organisme détaille comment ils ont pu sauver ce film muet tourné sur pellicule nitrate, une matière très inflammable qui était pourtant la norme jusque dans les années 1950. Très difficile à conserver, ce type de pellicule risque particulièrement de s’abîmer. En l’occurrence, celle de Frankenstein a été en partie détruite : il manquait le générique de début, qui a été retrouvé sur une autre copie, mais qui était trop détérioré pour être utilisé tel quel, si bien que les équipes de restauration ont recréé des cartons comme à l’époque. On voit aussi que le film est parfois de couleur sépia, puis rouge ou bleu, des changements qui sont dus aux difficultés de conservation des pellicules de cette époque. Sa musique était également si éraflée qu’ils ont dû faire appel à un compositeur spécialisé dans la recréation de bandes originales du cinéma muet, Donald Sozin, pour réenregistrer la partition. On lui doit aussi notamment la nouvelle composition du Nosferatu de Murnau, sorti en 1922.

L’article retrace aussi l’histoire de ce Frankenstein qu’on croyait disparu. Pendant longtemps, cette version a été conservée par un certain Al Dettlaff, un Américain passionné par le cinéma qui avait acquis une collection de films classiques dans les années 1950, mais qui ne connaissait pas la valeur de Frankenstein jusqu’à ce que cette oeuvre figure sur la liste des "films perdus les plus recherchés" en 1980. Après sa mort, en 2005, la Bibliothèque du Congrès a voulu l’acquérir, et cela a été possible onze ans plus tard. Depuis, ils ont travaillé sur cette restauration, qu'ils ne sont pas peu fiers de présenter aujourd'hui au plus grand nombre. "Réanimer cette œuvre célèbre de l’histoire du cinéma fut un plaisir", lit-on en conclusion de l’article.

L'article d'origine est disponible en anglais ici

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