Thierry Frémaux
ABACA PRESS

"Nous reviendrons plus forts que jamais pour un festival vraiment mémorable l’année prochaine."

L’avenir du cinéma ne fait pas peur à Thierry Frémaux. Alors que l’industrie du 7e art commence à peine à voir le bout du tunnel après trois longs mois de pause forcée, le délégué général du Festival de Cannes garde espoir. Dans un entretien fleuve pour Deadline, l’homme d’affaires se confie sur la crise qui paralyse le globe, son impact sur l’industrie, sur le célèbre festival, et en profite pour revenir sur son projet de collaboration avec la Mostra de Venise.

"Le confinement et la crise du Covid ont clairement eu un gros impact sur le cinéma dit ‘traditionnel’, et il y a de nombreuses prédictions pessimistes concernant son avenir, concède-t-il, faisant notamment référence au boom de la VOD et autres plateformes de streaming. Mais je crois que le contraire est vrai aussi : dans le futur, le caractère unique du cinéma, son pouvoir inné qui le distingue de toutes les autres formes d’art, va émerger. Mais pour que ça arrive, il va falloir que nous agissions avec conviction. Il faut que le public contribue à la cause." Comprendre : retourner au cinéma dès la réouverture des salles, le 22 juin prochain.

Thierry Frémaux : "Nous étions partis pour avoir un Cannes fabuleux"

Tout n’est donc pas perdu, pour Thierry Frémaux. Mais l’homme d’affaires ne minimise pas pour autant la portée destructrice du virus, qui a empêché la croisette de déployer son tapis rouge pour la première fois. L’annulation de cette 73e édition a coûté cher, notamment à la célèbre ville cannoise qui profite de l’événement chaque année pour remplir ses hôtels, ses bars et ses restaurants. "Nous avons perdu 80% de notre chiffre d’affaires pour un déficit total estimé à un peu moins de 5 millions d’euros, affirme-t-il. Mais la crise économique a laissé tout le monde sur le carreau. La ville de Cannes a été frappée de plein fouet par l’annulation du Festival, des événements et du tourisme. Mais nous allons nous ressaisir et survivre, et nous reviendrons plus forts que jamais pour un festival vraiment mémorable l’année prochaine."

Si l’événement n’a pas eu lieu physiquement cette année, Thierry Frémaux et Pierre Lescure, le président du Festival, ont tout de même tenu à accompagner les films qui auraient dû être présentés sur la croisette. Ainsi, les films sélectionnés, à défaut de pouvoir concourir, bénéficient désormais du label "Cannes 2020". Une reconnaissance qui les aidera au moment de leur sortie en salles. 

Pendant un temps, il était d’ailleurs question que Cannes collabore avec le Festival de Venise, pour que ce dernier présente des films estampillés Cannes 2020. Interrogé à ce sujet, Thierry Frémaux laisse entendre que cette collaboration n’est plus d’actualité. "Venise tient à ses premières mondiales. Les organisateurs ne veulent donc pas prendre des films qui ont déjà été sélectionnés par Cannes, déclare-t-il. Ça aurait été super qu’ils fassent une exception cette année, à l’instar du festival de Saint-Sébastien qui a accepté d’avoir des films cannois dans sa compétition. Nous verrons si quelque chose est possible avec Venise. Mon ami Alberto Barbera prépare sa sélection et nous en reparlerons rapidement."

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