Blade Runner en Ciné-Concert
Paul Sanders© 1982 Warner Bros. / The Ladd Company

La semaine dernière à Londres, le Royal Albert Hall diffusait en Ciné-Concert, le classique de Ridley Scott Blade Runner, nous y étions.

Drôle d’impression, pour l’auteur de ces lignes qui l’a vu en salle en 1982, de voir en 2019 le film de Ridley Scott au Royal Albert Hall, en Ciné Concert qui plus est. Blade Runner n’est plus le film d’anticipation d’antan qui nous projetait dans un Los Angeles de 2019 terriblement pessimiste, mais au combien réaliste, du moins nous le pensions à l’époque.

Depuis près de 40 ans, il s’est peu à peu muté en une sorte d’uchronie où les bouleversements climatiques qui nous attendent auraient eu lieux depuis des lustres. La narration elle s’est transformée avec les années et la (petite) note d’espoir finale a disparue, tout comme la voix off. Mais une licorne traverse désormais l’écran, laissant place à toutes les interprétations et les interrogations que même la suite (discutable et discutée) réalisée par Denis Villeneuve (Blade Runner 2049 sortie en 2017) n’aura pu dissiper.

Continuant sa mue perpétuelle comme si c’était sa destinée, le chef d’œuvre visionnaire de Ridley Scott était donc cette fois-ci projeté pour la première fois en Ciné-Concert dans le temple du rock londonien qui a vu tout le gratin du rock anglais passer dans ses murs, des Beatles aux Stones en passant par Pink Floyd ou Led Zep. Génial télescopage pour l’un des films qui aura su donner dans les années 80 ses lettres de noblesse à la musique électronique encore peu comprise à l’époque de sa sortie. 

Drôle d’impression, mais au combien sublime,  de voir le film qui a marqué des générations de cinéphiles (et de réalisateurs qui l’on pompé à outrance) projeté sur un écran gigantesque qui magnifie la photo  restaurée (la version diffusée ce week-end était le fameux final cut de 2007) de Jordan Cronenweth au-dessous duquel une dizaine de musicien exécutent la partition de Vangelis (malheureusement pas à la manoeuvre) en synchronicité parfaite avec l’écran, aux notes de piano de Deckard près. Les nappes musicales reconnaissables entre mille sont rejouées subtilement réarrangées pour un ensemble de cordes, de percussions analogiques et de claviers, accompagnés par une chanteuse pour les parties chantées. La mue continue et la magie opère toujours…  

Notons que le Ciné-Concert Blade Runner aura lieu également à Paris, le 21 mars prochain. Renseignements ici.