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Grâce à l’intelligence artificielle, on peut désormais déterminer les réactions du public à tous les moments d’un film.

Bienvenue dans le futur… Dans un communiqué de presse publié le 11 juillet, Médiamétrie a déclaré pouvoir faire des mesures de l’émotion des spectateurs devant un film. La société française, spécialisée dans la mesure d’audience et l’utilisation des médias audiovisuels et numériques, a fait appel à une start-up travaillant sur l’intelligence artificielle, Datakalab, pour recueillir et analyser les données émotionnelles de spectateurs et d’internautes français.

Ainsi en mai et juin 2019, 900 individus ont accepté de participer au programme : leur visage a été filmé par la webcam de leur ordinateur alors qu’ils visionnaient des bande-annonce de films de trois genres : comédie, animation et action. Les réactions ont été enregistrées par la caméra et analysées sous formes de courbes. Le dispositif a également été appliqué sur les spectateurs d’une salle de cinéma lors d’une projection à Paris.

"Ces données émotionnelles viennent appuyer et détailler les données des spectateurs que nous recueillons dans nos études"déclare Marine Boulanger, directrice du Pôle Cinéma et Entertainment de Médiamétrie. Elle explique que le dispositif permet d’"apporter une réponse encore plus concrète sur l’attractivité et le potentiel d’un film, ou l’efficacité d’une bande-annonce."

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L’objectif annoncé est clair : donner de nouvelles indications aux professionnels du cinéma et de la communication pour optimiser la campagne marketing d’un film et sa réception. Montage, bande-annonce, publicité : le dispositif de Médiamétrie pourrait avoir un impact jugé positif sur tous les supports.

Le risque de s’enfermer dans des schémas prédéfinis, et de perdre la créativité du montage d’un film pour se concentrer sur une recette qui marche, n’a pas été mentionné par la société. Sa préoccupation principale reste la bataille de l’attention. Si en 2000 la moyenne d’attention d’un internaute devant une vidéo était de 12 secondes selon l’Ipsos, elle est depuis passée à 8. Pour Marine Boulanger, cette durée est le principal facteur à prendre en compte : "La bataille de l’attention autour des contenus vidéos est de plus en plus soutenue. Les enjeux commerciaux liés au film deviennent centraux et il est indispensable de proposer le meilleur contenu possible, en vérifiant son efficacité."

De son côté, Xavier Fischer, directeur de Datakalab, affirme : "Toute l’expertise de Médiamétrie sur le cinéma nous permet de créer le produit le plus adapté à ce marché et d’exploiter au mieux notre technologie."

Nul doute que les cinéastes français seront ravis du coup de main pour créer eux aussi des produits rentables, plutôt que de s’exprimer dans des œuvres du septième art…