Louis Clichy Alexandre Astier
Berzane Nasser/ABACA

Derrière les deux films d'animation, il y a Alexandre Astier, mais aussi Louis Clichy. Portrait du co-réalisateur, passé des Gobelins à Pixar.

Sorti en décembre 2018 au cinéma, Astérix : Le secret de la potion magique sera diffusé en ce vendredi soir sur M6. Nous repartageons à cette occasion notre portrait de son co-créateur.

Toujours attiré par le cinéma d’animation, Louis Clichy ne s’imaginait pourtant pas en faire un métier. Raisonnable, il s’inscrit en fac d’histoire et tente le concours d’entrée à la prestigieuse Ecole des Gobelins. Après plusieurs tentatives, il intègre la formation d’élite par laquelle sont passés Eric Bergeron et Pierre Coffin. Son court-métrage de fin d’étude, Mange, le fait remarquer par un petit studio d’animation français, Cube. Ils l’engagent et lui donnent carte blanche. L’apprenti cinéaste se met alors à imaginer des images sur la chanson d’Edith Piaf A quoi ça sert l’amour ? qu’elle chanta en duo avec Théo Sarapo.

Le clip traverse les frontières et attire les regards des animateurs de Pixar, toujours en quête de nouveaux talents. « Quand Pixar m’a contacté pour un poste d’animateur, se souvient Louis Clichy, j’étais le premier surpris. J’étais plutôt spécialisé dans l’animation traditionnelle, mais j’étais flatté. A l’époque, les passerelles France – Amérique n’étaient pas si nombreuses. » Il travaille sur Wall-E, l’histoire d’un robot abandonné sur la Terre « qui correspondait à mon univers. Il fallait donner de l’émotion à un personnage sans dialogues. Tout devait passer par le timing. C’était presque du Chaplin ou du Buster Keaton. » Il enchaîne avec Là-haut de Pete Doctor.

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Trois ans plus tard, il quitte Pixar poussé par une « envie de plus de créativité ». « Un animateur n’intervient que quand l’histoire est déjà là », souligne-t-il. Et puis, son corps n’en peut plus : « Je commençais à avoir des tendinites au bras à force de bosser. C’est assez fréquent là-bas. » De retour en France, il se partage entre pubs, clips (notamment pour Louise attaque) et projets personnels. « Un jour, Pierre Coffin (le réalisateur de Moi, moche et méchant) me parle d’un film d’animation, Asterix et le Domaine des Dieux, qui devait se faire à MacGuff, le studio d’animation 3D et d’effets visuels. » Et le voilà embarqué dans le village des Gaulois. « Ma seule demande était de ne pas faire un film en anglais car je savais que le doublage en français de l’animation modelée sur des paroles en anglais trahirait Astérix. »  Mais le rachat en 2011 de MacGuff Animation par la société Illumination les oblige alors à un contrat d’exclusivité avec Universal. Patatras, Astérix n’a plus de maison !

Le projet migre alors vers Mikros. « On a un peu galéré au départ, car ils n’avaient pas une culture d’animation comme MacGuff. On créait un studio de toutes pièces ! » Le duo Alexandre Astier – Louis Clichy se constitue. Au départ, les rôles étaient clairs : au premier l’histoire, au deuxième la mise en scène. Mais, les deux se confondent et Astérix et le domaine des dieux finit par voir le jour quatre ans plus tard dans la douleur et le bonheur. Le succès est au rendez-vous. Le duo se lance alors dans un nouveau défi : réaliser une histoire originale. Le pari est réussi.


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