Jodie Foster
Metropolitan Film Export / Première

L’actrice et réalisatrice est en couverture du nouveau Première.

Les cinémas sont toujours fermés, mais Première reste ouvert ! Pour notre numéro de février, sorti en kiosque ce mercredi, nous avons eu la chance de pouvoir interviewer la grande Jodie Foster. L’occasion de faire le bilan sur ses 50 ans de carrière alors qu’elle sera bientôt à l’affiche de Désigné Coupable, un drame puissant inspiré d’une histoire vraie où elle donne la réplique à Tahar Rahim, emprisonné à tort à Guantanamo. Un petit évènement pour Jodie Foster qui se fait de plus en plus rare de ce côté-ci de la caméra. 

En dehors de Hotel Artemis, qui avait fait un gros flop en 2018, on ne l’avait pas vu dans un rôle de premier plan depuis Elysium, sorti en 2013. Et on a justement profité de ce long entretien, que vous  pouvez retrouver en intégralité dans notre magazine (disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne), pour lui demander pourquoi elle se faisait aussi discrète. Extraits.   

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PREMIÈRE : Vous vous faites de plus en plus rare en tant qu’actrice. Qu’est-ce qui vous a poussée à tourner Désigné coupable ?

JODIE FOSTER : Aujourd’hui, quand j’accepte un film, c’est que je n’ai pas le choix. Il faut qu’il me paraisse indispensable que ce récit soit porté à l’écran et que j’y participe. Nancy Hollander est une personnalité fascinante, mais ce qui comptait ici pour moi était de servir l’histoire de Mohamedou Ould Slahi et de la porter aux yeux du plus grand nombre. Je savais aussi que Kevin Macdonald n’en ferait pas un film « hollywoodien ». Qu’il s’emparerait de cette histoire en s’intéressant aux faits sans basculer dans le moindre sentimentalisme.

C’est une volonté de tourner aussi peu ? Ou un manque de propositions intéressantes à vos yeux ?

Un peu tout cela en même temps. Le moment où j’ai eu envie de privilégier ma carrière de réalisatrice a correspondu à celui où je commençais à recevoir moins de scénarios car je vieillissais. Et puis, je me suis rendu compte que ne pas beaucoup travailler m’allait plutôt bien ! (Rires.) J’ai de plus en plus de mal avec tout ce qui constitue la vie d’acteur en dehors des plateaux : la représentation, les interviews à la chaîne... Pendant très longtemps, pour moi, il n’y avait rien de plus important que les films. J’ai fini par réaliser que ce n’était pas la seule chose au monde ! (Rires.) Mais quand votre identité a toujours été liée au cinéma et que vous décidez de faire un pas de côté, vous ne savez plus vraiment qui vous êtes pendant un petit moment.

En 1973, dans une interview donnée à Andy Warhol, vous expliquiez déjà que votre plus grande envie était de devenir un jour réalisatrice...

Je ne voulais pas réaliser pour réaliser. Je voulais tourner des films personnels qui soient capables de changer ma vie et de m’éduquer. C’est un immense privilège d’avoir pu le faire. Je me suis toujours dit que si j’arrivais à donner le jour à trois ou quatre films dont je pourrais être fière et qui me changeraient, je serais ravie.

Et c’est le cas ?

Honnêtement, oui. Mais je suis aussi très fière d’avoir réalisé des épisodes de séries télé comme House of Cards [en 2014] ou Black Mirror [en 2017]. Le travail est différent. Vous êtes vraiment au service d’un producteur et du showrunner. Mais, là encore, j’ai eu le privilège de pouvoir choisir les séries sur lesquelles j’avais envie de travailler. Et puis, à côté de tout ça, je fais autre chose, loin des caméras...

Propos recueillis par Thierry Chèze