Fabien Onteniente Camping 3
Pathé

Le campeur le plus beauf de la terre sera de retour demain soir dans Camping 3.

TF1 diffusera demain Camping 3, pour la première fois en clair. En 2016, cette comédie menée par Franck Dubosc avait connu un joli succès en attirant 3,2 millions de spectateurs au cinéma. On avait alors demandé au réalisateur Fabien Onteniente ce qu’il avait glissé dans la glacière de Camping 3.
 

Que vaut Camping 3 ? [critique]

 

Fabien, ce troisième épisode c’était une évidence ?
Ah non ! Tout le monde nous réclame un Camping 3 depuis des années. Avec Franck, on ne voulait pas faire un Camping pour faire un Camping. Il nous fallait une bonne idée, d’autant plus que, on n’est pas cons, on sait bien que dans les franchises, les 3 c’est souvent les plus nuls… On s’est revu, on a fait le point. Tu sais moi je me suis pris un four, donc je voulais pas faire n’importe quoi ! On a parlé de nos vies, de ce qui avait changé depuis 2006, et comment nos héros ont vécu ça. Moi j’ai un fils de 23 ans, Franck est papa de deux enfants et, en discutant, on s’est rendu compte que la vraie révolution, c’est les réseaux sociaux et les jeunes. De fil en aiguille, on a imaginé non pas qu’un seul personnage complètement déconnecté débarquait aux Flots Bleus, mais que ça pourrait être une bande de jeunes. Confronter nos héros à l’ancienne - qui écoutent Claude Barzotti et Demis Roussos et campent dans des tentes - à des jeunes ! Après, tout s’est mis en place facilement : on a imaginé que Patrick Chirac rencontrait trois jeunes au cours d’un covoiturage et que le covoiturage se transformait en co-couchage.

Quel est ton rapport à Patrick Chirac ? On a l’impression que c’est votre miroir à toi et Franck…
C’est un peu ça. C’est le reflet de nos nazeries, de nos côtés sales gosses. Je dis souvent que Patrick Chirac c’est un enfant de 12 ans dans le corps d’un adulte de 50. C’est le miroir de plein de gens ; il a tous nos côtés un peu ploucs. On a tous un côté Patrick Chirac. Moi, j’aime la musique sophistiquée, mais passé une certaine heure, je m’éclate sur Claude François et Les Lacs du Conemara. Ma nana, qui me voit au quotidien, elle a un bon aperçu de mes côtés Patrick Chirac… Mais au-delà de Patrick, ce qu’on voulait raconter depuis le début, c’était un type de vacances…

C’est pour ça que vous ne racontez ses aventures qu’au camping ? Vous n’avez jamais imaginé le suivre à Dijon, dans sa vie ?
C’est marrant parce que j’ai essayé plusieurs fois de filmer son départ de Dijon. J’avais même dans l’idée de montrer son quotidien. Mais ça marche pas. Faut se rendre à l’évidence : il vaut mieux imaginer que montrer. Je vais peut-être dire un truc énorme, mais Brisseau disait : « le cinéma c’est suggérer, pas montrer ». On peut imaginer mille vies à ce mec. C’est pour ça qu’il plait tant aux mômes : ne pas montrer le réel permet de fantasmer ce type.

Il a bien vieilli Patrick ?
Ah ah ah ! Pas vraiment : il devient de plus en plus maniaque, donne des horaires de bouffe aux jeunes. Tu sais, on a voulu pousser le télescopage très loin ici…

Comme dans les deux premiers films.
Mouais… Dans le premier c’était net. Le personnage de Lanvin était tranché. Il avait plein de pognon, et n’avait rien à faire dans le camping. Dans le deuxième je trouve que ça marchait moins, le télescopage était un peu mou. Là, on pouvait pas repartir sur un postulat mou… On le sent vite d’ailleurs. Quand t’as un postulat mou, les gags viennent moins vite, ça ronronne tout de suite…

Et là, c’est le gap générationnel ?
Oui. Ils incarnent trois facettes de la jeunesse française qui ont entre 18 et 23 ans. Le premier a raté The Voice, le deuxième doit partir au Portugal et le troisième est un Black. On n’a pas mis beaucoup de couleurs dans nos Camping précédents et j’avais envie de changer ça. Et on regarde ce que cette jeunesse provoque sur les personnages secondaires… Ils changent pas mal sur cet épisode.

Camping 3
Pathé

Alors ouais, justement, il y a ce teaser où Paulo se découvre homo…
Il vivait avec une femme forte. Il se pose des questions, il est en dépression et il est beaucoup sorti pour échapper à tout ça. Et il est sorti dans une boite gay. Et il se met à douter. Et forcément, il parle des ses doutes à Patrick qui sur ce sujet est un super mauvais conseilleur. En tout cas, on s’est bien amusé avec cette histoire là et je crois que ca fera marrer les gens.

Qu’est-ce qui fait le succès de la série d’après toi ?
J’ai gardé mon âme d’enfant ! C’est peut-être con à dire, mais c’est vrai. Je vois pas les situations normales, le quotidien sans le prisme de la comédie. Je remarque toujours le petit détail qui fait marrer. Et puis surtout : je ne suis pas dans la haine. Jamais.

J’ai deux dernières questions : comment va Jacky Pic ?
Ah ah ah ! Pas très bien. Il a un gros problème de mémoire, un Alzeihmer subit. Et sa femme s’inquiète. Il ne reconnaît plus personnes au Flots Bleus (et même pas Patrick Chirac). Pire : il ne se souvient plus du tout de son premier apéro – ça lui permet de boire toute la journée. On s’est éclaté à écrire le rôle de Claude (Brasseur NDLR) et lui s’est éclaté comme un dingue à jouer avec les jeunes… Au fond, c’est ça le principe du cinéma : se marrer pour amener les gens dans les salles, non ?

Ce sera quoi le « on n’attend pas Patrick » de cet épisode ?
Je peux pas te dire. Je suis nul pour anticiper ça ! C’est le public qui décide et qui s’accapare les bons dialogues. « On n’attend pas Patrick », c’est une réplique que les gamins hurlent dans la rue quand ils nous voient, mais j’aurais jamais pensé que ça deviendrait culte quand on l’a tourné… On verra ça dans les salles !

Bande-annonce :