Thomas Vinterberg
Abaca

Son film Drunk figure parmi les favoris des 33ème European Film Awards.

Les 33ème European Film Awards auraient dû avoir lieu à Reykjavík, mais Covid-19 oblige, les prix du cinéma européen se déroulent virtuellement. Nous avons discuté avec l’un des cinéastes en lice : le réalisateur danois Thomas Vinterberg (La CommunautéFesten) sur l’avenir du cinéma, nommé cette année pour son dernier film Drunk, grand favori de cette année.

Avec la crise de la Covid, l’avenir du cinéma parait de plus en plus embrumé…

J’ai confiance en l’avenir du cinéma. Je ne pense pas que le monde change si facilement ou même que l’Homme évolue si vite. Je pense qu’il faudrait plus qu’une pandémie, un véritable trauma humain pour que les comportements changent radicalement. Une guerre peut-être ? Donc je pense que tout redeviendra à la normale. Pour le meilleur et pour le pire, d’ailleurs. Après, je crois beaucoup en la « communauté » : Je pense que le public sera toujours attiré par cette expérience commune d’un voyage émotionnel, de partager des émotions, des rires, de s’agripper la main… Toutes ces choses qui se passent dans une salle de cinéma. Pas seulement ça, mais tous ses petits rituels, aussi : payer son billet, choisir sa place… qui rendent particulière l’expérience d’aller en salle. Et je ne pense pas être la seule personne au monde à qui cela manque beaucoup.

Quand on voit que Scorsese, Cuarón, Fincher font des films spécifiquement pour les plateformes, c’est une source d’inquiétude pour vous aussi ?

Un peu, je dois dire. Ce sont de si grands réalisateurs. Bien sûr, je ne leur en veux pas. Je n’émets aucun jugement moral à ce sujet, mais c’est vrai qu’ils pourraient remplir beaucoup de salles, très facilement, avec leurs films si géniaux. Concernant spécifiquement vos 3 exemples, j’aimerais bien le voir revenir dans les salles. Après, effectivement cette tendance m’inquiète. J’espère que cela changera.

Et vous de votre côté, vous avez déjà été sollicité par les plateformes ?

Je ne pense pas qu’il faille se battre contre les plateformes. Il vaut mieux les accueillir comme un nouveau format. D’ailleurs je travaille actuellement sur une série. Je ne pense pas qu’il faille avoir une position agressive envers le streaming, car ça existera de toute façon et les gens téléchargeront toujours, mais ils voudront toujours également aller en salle.

Ne croyez-vous pas que l'époque aurait besoin d'un nouveau manifeste, d'un nouveau Dogme à l'instar de celui que vous aviez édicté avec Lars Von Trier, Kristian Levring, et Søren Kragh-Jacobsen ? Et croyez-vous toujours aux manifestes ? 

Je crois toujours aux manifestes s'ils proviennent d'une nécessité, s'ils proviennent d'un terreau fertile. Quand nous avons édicté le Dogme, c'était une nécessité pour nous, une sorte de révélation. Donc un nouveau manifeste devrait venir d'une nécessité et non d'une quelconque vanité artistique. Actuellement, non je n'ai rien, je suis juste comme tout le monde : face à un énorme challenge... 

 

 

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