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"Tu n’as rien vu à Hiroshima" disait-elle dans Hiroshima mon amour, le film qui a lancé cette petite paysanne des Vosges, mais cette immense actrice française dans l'inconscient collectif. Pourtant,  depuis quelques mois, on ne voit plus qu'elle. Emmanuelle Riva remporte tous les prix sur son passage et elle pourrait même décrocher l'Oscar de la meilleure actrice dans la soirée de dimanche à lundi. Avant, la comédienne sublime d'Amour (85 ans) vient donc de recevoir le César 2013 de la meilleure actrice pour sa prestation magnifique. Dans le film de Michael Haneke, elle incarne une vieille femme malade, paralysée, dont l'agonie fait progressivement flancher son couple. Justesse de jeu, mystère de sa voix (durassienne) captée avec beauté par Haneke... Tout est là. Sa beauté, ce mélange précieux de délicatesse et de rectitude... la grâce de cette égérie du cinéma d'auteur (Garrel, Resnais et Haneke au compteur) transpire à chaque plan.En la voyant monter sur scène, en entendant son discours de remerciement, impeccable, forcément impeccable, on se demande comment le cinéma a pu se passer d'elle aussi longtemps ? Cette longue éclipse saute au visage quand on la voit s'imposer dans le film d'Haneke. Les prix qu'elle reçoit depuis quelques mois, au fond, sont autant de récompenses méritées qu'une manière de se faire pardonner."J'ai travaillé dans ce film avec une très grande passion. J'ai eu beaucoup de chance" expliquait-elle sur la scène du théâtre du chatelet avant de conclure en soulevant son César : "il est plus lourd que moi". Combien pèse un Oscar ? C'est la question qu'on se pose maintenant...