Choix n°1 : A perdre la raison, de Joachim Lafosse, avec Emilie Dequenne, Tahar Rahim, Niels Arestsrup...Synopsis : Murielle et Mounir s'aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d'avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.L'avis de Première : On se demandera longtemps pourquoi le sélectionneur en chef de Cannes a privé de compétition ce film qui, de la première à la dernière image, mérite une visibilité et une reconnaissance maximales. Non que la section Un certain regard où nous l’avons découvert ait quoi que ce soit de déshonorant. Mais on imagine volontiers le jury de Nanni Moretti, carbonisé par un palmarès globalement inepte, contradictoire et rétrograde issu, paraît-il, de ses infernales délibérations, reconquérir sa dignité en rendant unanimement les armes devant : 1) l’interprétation foudroyante d’Émilie Dequenne dont rien, depuis Rosetta, ne laissait deviner ce qu’elle dégoupille ici ; 2) un scénario qui, telle une plante carnivore à la séduction trompeuse, laisse entrevoir le meilleur à son personnage avant de le vider goutte à goutte de son suc vital ; 3) la sûreté toujours plus maîtrisée avec laquelle le jeune Belge Joachim Lafosse continue de décliner le thème de l’innocence vénérée, puis manipulée, puis sacrifiée. Sans doute moins audacieux que son précédent film, Élève libre (2009), À perdre la raison renonce à toute espèce de (talentueuse) provocation et abat ses cartes dès le départ : ça va finir très mal. Dans cette chronique impitoyable d’une tragédie annoncée, c’est avec une sorte de fascination désolée que le réalisateur démantibule les mécanismes de la tyrannie, de la manipulation et de la servitude domestiques. Entre constat, cri de haine face aux dérives de « l’esprit de famille » (le tandem Niels Arestrup/Tahar Rahim est, à ce titre, cauchemardesque) et exercice de tension psychologique chauffé à blanc, le choc est terrible.Bande-annonce : Choix n°2 : L'étrange pouvoir de Norman, de Chris Butler et Sam fell, avec les voix de Kodi Smith-McPhee, Anna Kendrick...Synopsis : Une petite ville est prise d'assaut par une armée de zombies. Qui peut-on appeler à la rescousse ? Le seul garçon du coin capable de parler avec les morts : Norman. Pour sauver ses congénères d'une malédiction vieille de plusieurs siècles, Norman va devoir combattre zombies, fantômes, sorcières et, les plus effrayants de tous, une tribu d'adultes demeurés. Mais ce garçon marginal aux penchants morbides va voir ses pouvoirs paranormaux poussés dans leurs derniers retranchements.L'avis de Première : Pas vraiment scotchante d’un point de vue formel (on met quelques minutes avant de réaliser qu’il s’agit de marionnettes animées, la 3D lissant tout), absolument pas effrayante, drôle à de rares occasions, bardée de références encombrantes (Sixième Sens, les films de zombies, Carrie...), cette comédie d’horreur est aussi étrange que le pouvoir de son jeune héros. À qui s’adresse-t-elle ? Ni aux kids (trop impressionnables), ni aux ados (peu impressionnables), ni aux adultes (aucune impression). Bref, Chris Butler et Sam Fell semblent avoir faux sur toute la ligne. Pourtant, à mesure que l’histoire avance, un certain charme opère. L’hommage sincère au genre et l’amour immodéré porté aux freaks évoquent le Tim Burton des débuts, celui de Beetlejuice qui faisait de la série B avec une passion et un appétit communicatifs. Il y a de cela dans L’Étrange Pouvoir de Norman, issu, ce n’est pas un hasard, des studios Universal. Le message du film (rester soi-même, ne pas dévier, rassembler), aussi simple soit-il, n’est pas défini par les mots mais par l’action. C’est grâce à ses actes de bravoure et/ou ses décisions prises dans l’adversité que chacun des jeunes personnages va trouver sa juste place et son bon emploi – en un mot, grandir. Cette morale très américaine de l’unité (familiale, communautaire, nationale) peut irriter ou tomber à plat chez nous. Mais, en passant outre, vous avez des chances de savourer un bon moment.Bande-annonce : Choix n°3 : Expendables 2, de Simon West, avec Sylvester Stallone, Bruce Willis, Jean-Claude Van Damme...Synopsis : Les Expendables sont de retour, et cette fois, la mission les touche de très près... Lorsque Mr. Church (Bruce Willis) engage Barney Ross (Sylvester Stallone), Lee Christmas ( Jason Statham), Yin Yang ( Jet Li), Gunnar Jensen (Dolph Lundgren), Toll Road (Randy Couture) et Hale Caesar (Terry Crews) – et deux nouveaux, Billy the Kid (Liam Hemsworth) et Maggie (Yu Nan) – l’opération semble facile. Mais quand l’un d’entre eux est tué, les Expendables jurent de le venger. Bien qu’en territoire hostile et donnés perdants, ils vont semer le chaos chez leurs adversaires, et se retrouver à tenter de déjouer une menace inattendue – trois kilos de plutonium capables de modifier l’équilibre des forces mondiales. Cette guerre-là n’est pourtant rien comparée à ce qu’ils vont faire subir à l’homme qui a sauvagement assassiné leur frère d’armes…L'avis de Première : On prend les mêmes et on recommence ? C’est le principe de cet Expendables 2 qui remet en selle et en scène les mercenaires lessivés des 80's. Sauf que, ce n'est plus Sly qui filme ses copains stéroïdés se foutre sur la gueule, mais Simon West, tâcheron à qui l’on doit Le Flingueur et le premier Tomb Raider. Même chose diront les plus cyniques. Pas tout à fait leur répondra-t-on circonstancié. Là où, derrière les rafales de AK, Sly continuait la réappropriation mélancolique de sa propre légende (après John Rambo et Rocky Balboa), West se contente d’empiler les cadavres, les douilles et les dialogues grotesques. Expendables 2 n’est plus une relecture mythologique, mais un update années 10 des films Z de la Cannon. Ca marche parfois (la première scène de fusillade, ultra jouissive et gore) mais ça coince le plus souvent (la scène dans l’aéroport ou tous les freaks hypertrophiés des 80’s viennent balancer leur punchline identitaire). Reste l’apparition de Van Damme - extraordinaire dans le rôle du méchant - et sa scène de fight avec Stallone ainsi qu'une belle chorégraphie de Statham en moine warrior. De quoi nous faire oublier à quel point Chuck Norris (grosse promesse de cet épisode) est accablant....Les autres sorties de la semaine sont ici