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Un film théâtral, intime et pop

<em>Les Garçons?</em> est donc le premier film réalisé par Guillaume Gallienne lui-même, qui adapte son one-man show éponyme créé en 2008 (avec l'actrice Claude Mathieu à la mise en scène) sur les planches du Théâtre de l'Ouest parisien. La structure du film - qui s'ouvre sur l'acteur dans sa loge, en train de se démaquiller avant de monter sur scène, symbolisant sa mise à nu en fiction - reprend celle de la pièce, et consiste en un monologue de Gallienne sur scène alors que son récit prend vie à l'écran. Mais <em>Les Garçons...</em> ne se contente pas d'être du théâtre filmé. Projet personnel et longtemps mûri, l'adaptation est travaillée et explore les possibilités offertes par le cinéma, avec des ralentis, des scènes de grosse comédie (la purge anale WTF par Diane Kruger), des couleurs tranchées et, très important, une playlist bigarrée et pop - une reprise de "We Are The Champions" par une chorale de filles, "Vous les femmes" de Julio Iglesias par Arno, Supertramp, Kings of Leon? Au carrefour du dévoilement théâtral ultra rôdé et du délire de cinéma pop, Gallienne ratisse large et ça fonctionne.

Un auteur rassembleur

La principale raison du carton du film est son réalisateur-scénariste-acteur principal, Guillaume Gallienne. Dans Les Garçons et Guillaume, à table !, il incarne deux personnages, sa mère et lui-même à tous les âges. Un rôle parfait pour celui qui se l?est fabriqué sur mesure à travers son one-man-show autobiographique ici adapté au cinéma. Car Guillaume Gallienne est un être double. Partagé depuis toujours entre rigueur et fantaisie, Guillaume continue à l?être sur ses différents supports. Les jeunes l'ont découvert en comique gentiment transgressif sur Canal Plus tandis que leurs parents l'écoutaient parler littérature sur France Inter. Il amuse la galerie dans des seconds rôles loufoques de comédie, mais est d'abord un homme de théâtre, sociétaire de La Comédie Française - avec la gravité qui sied au titre. Et la force de Guillaume Gallienne est là. Capable de passer de Tchekhov à Fanfan la Tulipe à <em>Navarro</em> en un changement de perruque, une intonation, une gestuelle, Guillaume est auto-complémentaire, à la fois yin et yang, homme et femme, homo et hétéro, <em>« érudit et trash »</em> comme disait de lui Michel Denisot dans le Grand Journal. Un goût du travestissement et une dualité qui lui donnent finalement accès à différents publics et plusieurs générations.

Un pitch imbattable

Au sein d'une famille bourgeoise, catho et tradi, un jeune homme se prend pour une fille au grand désespoir de sa famille. Et le voilà parti dans une odyssée existentielle. Soit un sujet de comédie d'une efficacité redoutable, que le titre résume à merveille : l'interjection parentale - quasi universelle - qui appelle au repas signifie immédiatement une dichotomie entre enfants mâles d'un côté et "Guillaume", de l'autre. C'est ce que racontera le film effectivement : comment Guillaume affirme sa personnalité hors normes. Tout comme Intouchables (un mec des cités et un bourgeois paralysé deviennent les meilleurs amis du monde), Les Garçons et Guillaume, à table ! fonctionne d'abord grâce à son pitch. D'autant plus qu'il s'agit, à l'instar d'<em>Intouchables</em>, d'une histoire vraie - enfin, de la version romancée de la jeunesse de Gallienne himself. La promesse de voir l'acteur jouer le rôle de sa propre mère n'est par ailleurs pas à négliger?

Le carton de Guillaume est servi

Pour son premier film en tant que réalisateur, Guillaume Gallienne vient de se payer <strong>le meilleur démarrage français</strong> de l'année 2013. Les Garçons et Guillaume, à table ! - qui démarre même mieux que La Vie d'Adèle - a reçu un accueil triomphal au Festival de Cannes 2013 à la Quinzaine des réalisateurs, est globalement encensé par la presse et risque de terminer sa carrière aux César 2014.Mais pourquoi tant d'amour ? On fait le point.

Une promo marathon

Cannes, 20 mai 2013. Le film de Guillaume Gallienne est présenté à la Quinzaine des réalisateurs, sélection parallèle du festival. Triomphe : éclats de rire, salle en délire qui applaudit à tout va et offre à son réalisateur/acteur/scénariste une standing ovation. Un vent de légèreté venait de souffler sur la Croisette et s'est prolongé dans une série d?avant-premières à l?accueil toujours plus positif. Cet élan donné par le buzz cannois, qui a su ne pas rester confiné à un microcosme d?initiés, s?est poursuivi via une grande tournée en province qui a commencé fin mai dans les salles françaises, traversant aussi les festivals comme Angoulême, Sarlat et même Deauville, pourtant réservé au cinéma américain, et récupérant au passage un label des spectateurs UGC. Puis, porté par les excellents retours et le bouche-à-oreille grandissant, <em>Les Garçons et Guillaume, à table !</em> a également fait le tour des pays francophones comme la Belgique ou la Suisse. Un marketing en forme de course de fond qui s?avère payant puisque le premier jour de sa sortie, le long-métrage, visible sur 406 copies, s?est classé directement 7ème des meilleurs démarrages de l?année en France et 1er des films français en première séance.

Une comédie finalement safe

Avec son affiche colorée, son titre aguicheur (que des garçons !) et sa quête identitaire, le film semble tout à fait gay friendly. A tort. Car le sujet n'est pas la découverte par un jeune homme de bonne famille de son homosexualité, mais bien le trouble d'un garçon qui ne sait pas trop s'il est homme ou femme. Et ne cherchez pas le coming out, la fin est sans ambiguïté : ouf, tout va bien pour sa mère, son fils n'est pas gay mais hétérosexuel. En fin de compte, la morale est tout à fait consensuelle. C'est sans doute ce qui aide à son succès : tout en flirtant avec la transgression, en esquissant une forme de réflexion sur le genre, <em>Les Garçons et Guillaume, à table !</em> n'est ni un manifeste queer, ni un brûlot dénonçant la morale bourgeoise, mais reste une comédie parfaitement safe qui ne s'aliène aucun public.

Pour son premier film en tant que réalisateur, Guillaume Gallienne vient de se payer le meilleur démarrage français de l'année 2013. Les Garçons et Guillaume, à table ! - qui démarre même mieux que La Vie d'Adèle - a reçu un accueil triomphal au Festival de Cannes 2013 à la Quinzaine des réalisateurs, est globalement encensé par la presse et risque de terminer sa carrière aux César 2014.Mais pourquoi tant d'amour ? On fait le point.