Guide du 15 aout
StudioCanal / Mars Films / KMBO

Ce qu’il faut voir cette semaine.

LE MONDE EST À TOI ★★★☆☆
De Romain Gavras

L’essentiel
Le clippeur provoc’ Romain Gavras signe une comédie bien allumée avec Isabelle Adjani et le fidèle Vincent Cassel dans des rôles de composition savoureux.

Il y a huit ans, Romain Gavras nous retournait la tête avec Notre jour viendra, road-movie absurde dans lequel deux têtes brûlées se vengeaient de la société qui méprise les roux... Plus “classique” dans son esprit, Le monde est à toi (on remarquera le côté affirmé des titres) met en scène François, un doux rêveur qui veut devenir distributeur des glaces Mr Freeze au Maghreb.
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A AIMÉ

SUR LA PLAGE DE CHESIL ★★★☆☆ 
De Dominic Cooke

Ils étaient a priori faits l’un pour l’autre. Florence, violoniste élevée dans une famille fortunée et conservatrice et Edward, aspirant écrivain d’origine plus modeste, tombés fous amoureux dans cette Angleterre du début des années 60, corsetée par des conventions sociales étouffantes. Mais à 20 ans, on ne connaît pas grand-chose de la vie et encore moins de la sexualité. Et ils vont vivre une nuit de noces catastrophique qui va impacter douloureusement la suite de leurs existences. Pour son premier long, le metteur en scène de théâtre Dominic Cooke porte à l’écran le roman éponyme d’Ian McEwan, décidément très présent en ce mois d’août, dans la foulée de l’adaptation de son Intérêt de l’enfant par Richard Eyre avec My Lady. Et il en tire un film dont la facture classique presque ouatée masque subtilement ce poison qui va inéluctablement couler dans les interstices de cette passion réduite à néant. Une œuvre juste et cruelle sur l’impossibilité de dire son malaise et d’agir pour le vaincre à cause de cette angoisse de ne pas être comme les autres. Dans le rôle central, Saoirse Ronan livre une nouvelle composition tout en finesse quelques mois après Lady Bird qui lui avait valu sa deuxième nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Une grande actrice dans un beau mélo.
Thierry Cheze

UNE VALSE DANS LES ALLÉES ★★★☆☆
De Thomas Stuber

Cherchez bien. Au cœur de l’été se trouvent parfois quelques pépites (trop) bien cachées. C’est le cas de cette petite merveille venue d’Allemagne. Une drôle d’histoire d’amour dans un drôle de lieu pour un drôle de film. Christian a 27 ans. Timide et solitaire, il vient de perdre brutalement son emploi sur un site de construction et trouve un travail dans un univers totalement nouveau pour lui : un supermarché. Sur place, un chef de rayon le prend sous son aile et lui apprend les rudiments du métier. Mais, surtout, dans le coin confiseries, il fait la connaissance de Marion, dont il tombe instantanément amoureux… L’amour, le travail, l’amitié, la dépression, la mort, voilà pêle-mêle les thèmes que brasse Une valse dans les allées avec une fluidité bouleversante et cet art de se confronter aux choses rudes de la vie tout en guettant la lumière au bout du chemin. Grâce à une narration à la simplicité qui fait mouche, à l’amour infini de son réalisateur pour ses personnages et à une mise en scène qui sait distiller de l’onirisme dans le quotidien le plus banal. Trois qualités auxquelles il faut ajouter le talent d’un duo de comédiens renversants de sensibilité : Franz Rogowski, déjà impressionnant voilà quelques semaines dans Transit et Sandra Hüller, inoubliable interprète de Toni Erdmann. Au fil du récit, on pense beaucoup à Aki Kaurismäki Wes Anderson et Roy Andersson. Des influences que Thomas Stuber a su faire sienne pour délivrer ce film à l’originalité terriblement attachante.
Thierry Cheze

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PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

UNDER THE TREE ★☆☆☆☆
De Hafsteinn Gunnar Sigurðsson

La guerre des voisins pourrait être le sous-titre de ce long métrage islandais dans lequel un mari un peu trop coureur, viré de chez lui par sa femme, se voit forcé d’emménager chez ses parents. Un retour dans le cocon familial qui ne sera pas de tout repos puisqu’à son corps défendant, il se retrouve plongé dans une querelle de voisinage autour de… l’ombre d’un arbre entre deux maisons. Under the tree met en scène cette escalade sans fin de la banale invective jusqu’à une guerre où tous les coups sont permis. On y retrouve un côté « Affreux, sales et méchants » plutôt séduisant de prime abord mais qui finit par tourner au rond. Car il manque à Hafsteinn Gunnar Sigurðsson l’essentiel dans ce type de tragi- comédie noire : une empathie avec certains de ses personnages qui irait à rebours de ce qu’ils font à l’écran et permettrait ainsi de transcender chaque situation. Or le cinéaste islandais semble tellement regarder ses personnages avec un dégoût teinté de mépris qu’on peine à se passionner pour eux. On observe le jeu de massacre comme on compterait les points d’un match très vite dépourvu d’enjeu. L’art de la méchanceté nécessite un doigté ici aux abonnés absents.
Thierry Cheze


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