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Le cinéaste danois réalise un joli drame nostalgique qui questionne les idéaux libertaires.

Dans Festen, l’enfer c’est la famille. Dans La Chasse, il serait l’émanation du microcosme social. Dans La Communauté, il pourrait naître de la confrontation des deux structures, de la difficulté de fondre l’une dans l’autre, de dissoudre les égos dans le groupe.

Inspiré par sa propre histoire, Thomas Vinterberg, qui vécut avec ses parents dans une communauté jusqu’à l’adolescence, remonte le temps pour faire le récit d'une famille qui décide de se réinventer dans la vie en groupe, poussée par Anna (Trine Dyrholm), journaliste de télé heureuse en ménage mais avide de nouvelles aventures. Dans une grande maison bourgeoise dont Erik (Ulrich Thomsen), son mari, a hérité, le couple accueille une assemblée de colocataires bigarrée et construit les bases d’une collectivité joyeuse et libérée autour de la grande table de la salle à manger. Mais la poursuite de cet idéal solidaire va peu à peu se fracasser sur le mur de la réalité pour Anna quand Erik invite sa maîtresse, une de ses jeunes étudiantes, à les rejoindre.

Rencontre avec Thomas Vinterberg

La très belle idée de Thomas Vinterberg, dont on aura rarement vu s’exprimer ainsi la sensibilité, est de questionner les idéaux libertaires des années 1970, cet anti-individualisme regardé avec tendresse et nostalgie, à travers un grand portrait de femme. Le cinéaste observe le lent basculement de ce personnage fort et sûr dans le doute et la détresse, quand l’expérience de la vie en communauté, ce dernier caprice de jeunesse, se retourne contre elle et annonce soudain le début de sa vieillesse. Dans les miroirs de sa chambre ou de sa loge avant de passer à l’antenne, Anna scrutent les signes du temps qui s’accumulent à mesure que le doute l’envahit et l’entraîne dans une crise existentielle majeure, dans une solitude douloureuse que la tolérance sans faille de l’assemblée de hippies qui l’entoure ne fait qu’accentuer.

De la confrontation de cette femme à ses propres contradictions, aux limites de ses idéaux, de ce qui ressemble finalement à une crise de maturité, Vinterberg tire une chronique mélancolique de la fin d’une époque, d’un monde de jeunesse et de possibles, étouffé sous le poids de la réalité.

La Communauté sort en salles le 18 janvier. Bande-annonce :