DR

L’acteurJean Vilar : Une bonne maison de théâtre est une maison ou l’acteur n’est ni au-dessous ni au-dessus d’un autre membre, mais interprète à sa place et en conscience son personnage. … Je conseille aux rôles principaux de revoir tous les jours de représentation, chez eux, au calme, leur rôle… Bien des troupes de théâtre, et des plus célèbres, se vulgarisent parce que la dixième ou la cinquantième représentation n’a plus la tenue et le style spontané et émouvant de la première. *Le publicIl n’est pas de spectacles sans public. Il joue le grand rôle de ce jeu auquel le dramaturge nous convie. Tel public, tels auteurs. Tel peuple, tel poète… Le TNP aura découvert une chose : le public. Très peu d’auteurs, certes. Mais celui qui est avant le poète : le public. Je sais désormais ce qu’il est, ou plutôt, je sais qu’il est ; peu importe Corneille, Shakespeare, Molière ou le poète de ce temps. Le public est, par nous, revenu jouer sa partie au théâtre.**La critiquePuisqu’aussi bien, les auteurs se mêlent, de nos jours, de juger professionnellement leur confrère et d’être critique dramatique, je voudrais dire deux mots de « L’avare ». A un critique qui lui reprochait de ne pas avoir respecté les intentions de Molière, Jouvet répondait : « Tu lui as téléphoné ? »** Quand, traitant d’un spectacle, vous nous jugez uniquement sur le plan esthétique, sur le plan du « c’est bon, c’est mauvais, c’est charmant… », vous ne nous aidez pas, au TNP du moins, à étendre la culture.**Gérard PhilipeIl m’est arrivé par deux fois cette année (1952, ndlr) de prier Gérard Philipe d’assurer la mise en scène… J’ai laissé entre les mains d’un garçon de 30 ans, les responsabilités d’une charge qui m’est chère… Un théâtre qui ne confie pas à la jeunesse des responsabilités essentielles est un théâtre mort… Hier soir (3 fév. 1954, ndlr) pour la première fois, Gérard dans le rôle de Richard II. A chaque fois, je m’émerveille de ses dons, de cette grâce qui sait rester discrète, de cette technique si pure. Spectateur perdu au milieu de cette immense assemblée, je regardais et j’écoutais.**Les subventions…Si l’argent ne fait pas le bonheur, la subvention ne fait pas non plus les bons théâtres.* J’ai toujours pensé que De Gaulle en vous (André Malraux, ndlr) proposant les Affaires culturelles ignorait, oui ignorait, que dans les circonstances du moment, il ne vous offrait que du vent. Dans cette bonne et grasse société à intérêts, de Guizot à Pinay et à Pompidou, les Affaires (quel mot !) culturelles, ça n’a pas existé, ça n’existe pas et ça n’existera jamais. Cette société est triste et sans esprit parce qu’on ne lui donne qu’à penser « fric ».**Avignon et le Palais des papesDans les murs de ce palais, imposant dans la nuit sa quiétude et sa force, nous voudrions pouvoir donner chaque année des spectacles capables de se mesurer, sans trop déchoir, à ces pierres et leurs histoires. Puisqu’il est vain de proposer un programme sans en justifier les buts, nous nous expliquons : il s’agit d’unir, comme jadis, l’art généreux du théâtre avec le repos et le plaisir de l’homme… **Avignon OffJe souhaite que chacun des spectacles du « off » soit exemplaire. Nous sommes venus ici il y a des années pour donner une vie nouvelle au théâtre, pour transformer ce moyen de communication, de participation et de mouvement incessant. Le théâtre Hors Festival est le bienvenu. Mieux : sans lui, notre vie serait diminuée. *** « Du tableau de service au théâtre », Jean Vilar. Editions des Cahiers théâtre Louvain, 1994.** « Jean Vilar par lui-même ». Editions Maison Jean Vilar, 1991.EvènementsAu Théâtre National de Chaillot : dans le Grand Foyer, sont exposées jusqu’au 13 décembre dix-huit oriflammes évoquant les personnalités-phares qui ont inspiré et accompagné Jean Vilar dans l’aventure que furent les années passées dans ce lieu, ainsi que des vidéos (entrée libre, accessible aux heures de spectacle).Egalement à Chaillot, soirée d'hommage à Jean Vilar le 31 octobre à 20h30 : Mot d’accueil de Didier Deschamps et Jacques Téphany suivi d'interventions de Jacques Lassalle, Jack Ralite et Catherine Tasca, puis d'une  projection du film "Vilar par lui-même" (25 minutes) et en clôture, d'une lecture par Denis Podalydès "Vilar ou la ligne droite" (1h).A la Comédie-Française : le 29 octobre, lecture dirigée par Jacques Lassalle de la pièce de Vilar « Dans le plus beau pays du monde » et le 31 octobre, « Vilar au miroir » par Christian Gonon.Du 13 au 20 novembre, le Théâtre de Suresnes - Jean Vilar organise un cycle de lectures, spectacles, conférences, expositions en hommage à Jean Vilar.>> En savoir plus sur la programmation du Théâtre Jean Vilar de Suresnes.Bio-express1912 – Naissance à Sète le 25 mars.1947 – Création du Festival d’Avignon1951 – Nommé directeur du TNP1963 – Départ de la direction du TNP.1971 – Décès à Sète le 28 mai.