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Votre nouveau film, Le Règne de la beauté, fera la clôture du festival. De quoi parle-t-il ? D’une jeune femme (incarnée par Mélanie Thierry) qui s’enfonce dans la dépression, maladie étrange pour laquelle il n’existe pas de remède particulier. Et aussi de son mari architecte qui vit une aventure extraconjugale avec une anglophone venant d’un milieu  très différent du sien. Tout cela le plonge dans un trouble profond, qui constitue le cœur du film.Jésus de Montréal, qui vous avait valu le Prix du jury à Cannes en 1989, sera également projeté en version numérisée et restaurée.Oui, la restauration numérique est vraiment une chose merveilleuse qui permet aux films de reprendre vie et de se montrer plus beaux que jamais. Quand on avait autrefois recours à l’étalonnage mécanique, la capacité à jouer sur les couleurs et les teintes n’avait rien à voir avec ce qui est offert aujourd’hui. Pour quelqu’un comme moi qui avais l’habitude de voir des copies abîmées et rayées dans les cinémathèques, c’est un avantage considérable.Cela fait 50 ans que vous réalisez des films. Qu’est-ce qui a changé dans le cinéma québécois?Maintenant les jeunes cinéastes québécois peuvent partir faire des films américains. C’est la dernière mode, Hollywood s’est mis à engager des réalisateurs tels que Denis Villeneuve ou Jean-Marc Vallée qui tournent aux Etats-Unis de grosses productions avec des stars. Tant mieux pour eux mais c’est possiblement une menace pour le cinéma national. Je ne sais pas s’ils sont partis définitivement ou s’ils reviendront au pays encore meilleurs... Mais à part ça le cinéma québécois va très bien, le public répond présent et nous avons des jeunes extrêmement doués. Vous pensez à Xavier Dolan ?Il a un talent éblouissant. Dès son premier film, J’ai tué ma mère, il montrait avec peu de moyens de formidables qualités qu’il a sans cesse confirmées depuis. La carrière d’un cinéaste est évidemment longue et il faudra voir dans quelle direction il ira, mais son parcours demeure jusqu’ici remarquable.N’y a-t-il pas un risque qu’il devienne une figure trop écrasante pour les autres cinéastes québécois ? Je ne crois pas qu’il y ait de danger, car ces choses finissent par s’équilibrer au bout d’un certain temps. Des artistes deviennent soudainement populaires puis sont remplacés par d’autres. J’ai moi-même été très en vogue à une époque, car dès que vous connaissez un ou deux succès d’affilée l’attention médiatique se porte naturellement sur vous. Pour Dolan, l’essentiel réside dans les films qu’il fait. Je n’ai d’ailleurs toujours pas vu Mommy et je dois me dépêcher car ma fille l’a déjà vu trois fois.Interview Damien LeblancLa 18e édition du Cinéma du Québec à ParisDu 21 au 26 novembre au Forum des ImagesBande annonce du Règne de la beauté :  Voir aussiNotre entretien avec Xavier Dolan sur MommyXavier Dolan remercie ses fans pour le succès de Mommy