Theo Angelopoulos, cinéaste grec récompensé à Cannes en 1998 pour L'éternité et un jour, a été renversé par une moto au Pirée, alors qu'il tournait son dernier film. Il avait 76 ans.La Grèce vient de perdre l'un de ses réalisateurs les plus réputés. Theo Angelopoulos avait débuté le tournage de L'autre mer, film sur la crise grecque, au Pirée. Il a été renversé hier par un motard. Emmené d'urgence à l'hôpital, il n'a pu être sauvé et est décédé dans la nuit. La Grèce est en deuil, les films politiques et existentiels de Theo Angelopoulos ayant marqué l'histoire du cinéma du pays.Après avoir étudié la philosophie et le cinéma à Athènes et à la Sorbonne, il entre au début des années 60 à l’IDHEC (devenue la Fémis) où il est déjà remarqué pour son «  non conformisme ». Il sera même renvoyé de l'école pour ce trait de caractère ! Il devient ensuite critique cinématographique pour le quotidien Demokratiki Allaghi.Il réalise dix ans plus tard son premier court-métrage La Reconstitution, qui sera par la suite récompensé. Ses premiers films (sa première trilogie composée de Jours de 36, Le voyage des comédiens, Les Chasseurs) sont politiques, dénonçant la dictature dans son pays.Au début des années 80, Theo Angelopoulos s’oriente vers un cinéma plus existentiel et abandonne le thème de la lutte collective pour se tourner vers l’introspection et l’individuel. Il entame avec Voyage à Cythère une deuxième trilogie « Angelopoulosienne ».En 1995, avec son film Le Regard d’Ulysse, il démarre une troisième trilogie dite universelle. Ses films, jusque-là tournés vers la Grèce, s’ouvrent au reste du monde et explorent la mémoire collective.Figure emblématique du « Nouveau cinéma » grec, l’œuvre de Theo Angelopoulos a souvent été jugée hermétique et obscure pour le grand public du fait d’un style contemplatif, faisant la part belle aux plans séquences silencieux et à une structure narrative complexe. Cependant, le réalisateur sera reconnu par ses pairs puisqu’il recevra le Lion d'Argent au festival de Venise de 1988 pour Paysage dans le brouillard, un Grand Prix à Cannes pour Le regard d'Ulysse en 1995, puis la Palme d’or trois ans plus tard pour L’Eternité et Un Jour.Vidéo de L'éternité et un jour