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Au programme : We Need to talk about Kevin et le nouveau Gus Van Sant, RestlessC’est inévitable : chaque fois qu’on choisit d’aller voir un film, ou de caler un rendez-vous, on est certain de rater trois ou quatre autres occasions au même moment, qui ne se reproduiront peut-être plus. Mais ce qui est vu n’est plus à voir. Ainsi de We Need to talk about Kevin de Lynne Ramsay, avec Tilda Swinton en mère de famille qui cherche à comprendre comment son fils est devenu un meurtrier. Le film est assez fort visuellement , mais il vaut mieux ne pas y chercher trop de signification, parce qu’il n’y en a quasiment pas, en dépit d’une forte surcharge symbolique.  Le problème, c’est que deux procédés contradictoires s’opposent et se neutralisent : Swinton, très convaincante,  invite à l’identification, alors que le script, volontairement  rudimentaire, tire du côté de la distanciation. Match nul.Restless de Gus Van Sant, est joli, à l’image de ses interprètes Mia Wasikowska (vue dans Alice) et Henry Hopper (qui ressemble à son père Dennis, mais en fade). Elle a trois mois à vivre (tumeur au cerveau) ; il est suicidaire et fréquente les enterrements depuis la mort de ses parents. Ils se rencontrent et s’aiment pendant trois mois. Malgré la jolie photo crépusculaire (Harris Savides),  et les acteurs jeunes et jolis, on a du mal à se laisser avoir. La musique emo envahissante de Danny Elfman sonne comme une alerte : Van Sant fait du Van Sant. Toujours fasciné par les rapports entre la jeunesse et la mort, il révèle une fois de plus sa tendance à concevoir la mort comme un moyen de préserver le souvenir d’une beauté intacte, et de repousser l’horrible vérité de  Gaspar Noé :« Le temps détruit tout ». Restless est peut-être de trop. Trois films sur le même sujet, c’est une trilogie. A partir de quatre, c’est une obsession.Un rendez-vous annulé me fait rater Polisse, qui provoque une approbation quasi unanime. Tant pis pour moi. Je me console à un dîner thai, suivi de la fête de la Quinzaine, où Julien Doré donne un concert.